Les bases de l'économie enfin enseignées au lycée

Par David Mourey, professeur de sciences économiques et sociales au lycée de Roissy-en-Brie.

Cette rentrée scolaire 2010, rythmée par la réforme du lycée, s'accompagne de la mise en place des nouveaux programmes d'économie en classe de seconde. Désormais, 100 % des élèves de seconde vont pouvoir suivre un enseignement d'économie, mais avec un horaire insuffisant (1 h 30 hebdomadaires), car il y a deux enseignements concurrents, sciences économiques et sociales (SES) et principes fondamentaux de l'économie et de la gestion, au lieu d'un seul avec 3 heures hebdomadaires. Bien qu'une minorité de professeurs, représentés par l'Apses, rejette ces programmes, ils constituent une nette amélioration de ce qui est proposé aux élèves. Et ce, pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, la distinction entre enseignements d'économie et de sociologie est affirmée et assumée et la difficulté des questions qui structurent ces programmes devient plus progressive.

Ensuite, la prétention à vouloir enseigner un "savoir social total" sur les grands problèmes économiques et sociaux et la volonté de partir de questions complexes pour ensuite expliquer ce qui est simple sont remplacées par un enseignement qui fait le choix d'aller du simple vers le complexe. L'objectif est désormais de faire acquérir les bases du raisonnement économique et sociologique avant de faire réfléchir les élèves sur les grandes questions de notre temps. Cela permettra d'éviter les confusions, le relativisme et l'idéologie qui n'est jamais loin quand on fait les choses à l'envers.

Le nouveau programme permet de se tenir à distance des défauts originels de cette discipline qui devrait enfin devenir une discipline d'excellence. Concrètement, dans le programme de première rédigé sous la direction de Jacques Le Cacheux (OFCE), on va commencer par enseigner les fondements microéconomiques du raisonnement. C'est seulement en terminale que les questions macroéconomiques et sociétales seront développées, sur des bases plus solides.

Les approches microéconomiques et macroéconomiques sont complémentaires. Clairement, les principales notions de microéconomie sont aux fondements des raisonnements économiques. Les manuels de référence de Joseph Stiglitz, Gregory Mankiw et, en France, d'Étienne Wasmer, livrent les concepts fondamentaux de l'économie : choix, décision, arbitrage, coût d'opportunité, rationalité et raisonnement à la marge, incitations, imperfection de l'information, risque, échange, répartition, marché, défaillances des marchés et interventions de l'État.

On peut alors montrer clairement et simplement quels sont les apports majeurs de la microéconomie à la compréhension de l'économie. On peut proposer des cours et poser des questions qui font sens pour les élèves et qui permettront graduellement de les éclairer sur les grands débats et controverses de société en évitant davantage les biais idéologiques.

En France, Étienne Wasmer, professeur à Sciences po Paris, propose un cours et un manuel de microéconomie en première année, "Principes de microéconomie : méthodes empiriques et théories modernes". L'attrait des étudiants pour ce cours est une illustration de ce que nous devrions intégrer au lycée après l'avoir adapté.

Enfin, compte tenu de la place prépondérante occupée par les entreprises dans nos économies, les nouveaux programmes vont améliorer la compréhension de leur fonctionnement en introduisant quelques notions fondamentales de comptabilité et de gestion comme le bilan ou le compte de résultat. Ainsi, l'entreprise sera présentée comme un acteur qui prend des décisions, procède à des arbitrages, élabore des stratégies, agit en situation d'asymétrie d'information, prend des risques...

Quant à la notion de bilan, elle peut être très utile pour comprendre certaines évolutions macroéconomiques comme les politiques monétaires présentées à partir du bilan des banques centrales. La monétisation de la dette publique, l'intervention sur le marché de la dette publique, sera également visible sur le bilan des banques centrales.

Comment comprendre, dans ces conditions, le rejet en bloc de ces programmes et les appels à la désobéissance pédagogique ? Les fonctionnaires sont au service des élèves qui seront interrogés sur les programmes officiels.

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