Le gouvernement se refuse à intervenir directement sur le prix du carburant

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  581  mots
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La ministre de l'Economie a exclu jeudi toute baisse de taxes ou autre action coercitive pour compenser la flambée des prix des carburants, conseillant aux automobilistes de réduire leur vitesse et de bien gonfler les pneus de leurs voitures.

Le débat enfle sur les prix des carburants en France. Le sujet devient majeur dans la vie quotidienne des Français, cette hausse des prix se combinant avec celle du gaz, de l'électricité et d'autres produits de première nécessité. Le prix du litre de carburant sans plomb a atteint le record de 1,8 euros dans certaines stations parisiennes.

Rejetant les idées de l'opposition sur un "tarif social" ou d'autres interventions directes, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a conseillé aux automobilistes d'acheter "malin" et de modifier leurs comportements en fonction des mesures déjà préconisées par les autorités.

"J'en cite quelques unes, parce qu'on n'y pense pas toujours. D'abord, faire très attention à son gonflage de pneus, deuxièmement réduire un peu sa vitesse, troisièmement éviter de conduire de manière un peu saccadée", a-t-elle expliqué sur France Info.

Bercy avait déjà soulevé ce conseil de gonflage des pneus dans un communiqué officiel diffusé mercredi, où il estimait que les économies moyennes ainsi réalisées pouvaient atteindre 2,4%. La ministre propose aussi aux automobilistes de couper et relancer leur moteur lorsqu'ils doivent s'arrêter "plus de 20 secondes".

Christine Lagarde, lors d'une précédente flambée des prix des carburants en 2007, avait suscité des critiques politiques et une vague d'ironie lorsqu'elle avait suggéré aux automobilistes de délaisser la voiture pour la bicyclette.

Pas question d'instaurer un tarif  "social"

Le prix du carburant étant composé, pour certains produits, de plus de 60% de taxes, de nombreuses associations de consommateurs demandent une action sur ce point, proposant le rétablissement de la "TIPP flottante", aujourd'hui supprimée, qui s'adaptait à l'évolution des prix. Europe Ecologie-Les Verts demande aussi l'instauration d'un tarif "social" du carburant, c'est-à-dire des prix préférentiels pour les bas revenus, comme cela existe pour le gaz et l'électricité.

Christine Lagarde a également exclu cette mesure. "On ne peut prendre des mesures de ce type-là à une époque où on doit impérativement tenir les finances publiques", a-t-elle dit. Il y aura des contrôles de prix, une réunion au ministère avec les professionnels, a-t-elle conclu, envisageant l'idée éventuelle de "sanctions" en cas d'abus mais sans préciser de quelle nature.

Le PS suggère de taxer les profits des groupes pétroliers

Le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a repris à son compte jeudi l'idée du tarif social qui serait financé par des taxes sur les profits des compagnies pétrolières. "(Le tarif social) sera la vraie réponse. La question de la justice sociale est au coeur des réformes que les socialistes doivent proposer", a-t-il dit sur France Inter.

En 2010, le groupe français Total a enregistré un résultat net ajusté de 10,3 milliards d'euros (+32%) et un bénéfice net part du groupe de 10,6 milliards (+25%), tandis que sa production a atteint 2,378 millions de barils équivalent pétrole par jour, en hausse de 4%.

Les transporteurs routiers commencent aussi à se montrer alarmistes sur les prix des carburants. Jean-Paul Deneuville, directeur général de la Fédération nationale des transports routiers (FNTR), a estimé à un milliard d'euros le surcoût imposé à sa filière par la hausse des prix. Interrogé sur Europe 1, il a demandé de pouvoir "répercuter le prix de l'essence sur les prix de vente" pour permettre aux entreprises de la filière des transports de renouer avec les bénéfices.