Pourquoi les groupes du CAC 40 maintiennent la pression sur les salaires alors que leurs profits s'envolent

Par latribune.fr  |   |  451  mots
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Avec plus de 80 milliards d'euros de bénéfices en 2010, les sociétés du CAC 40 se rapprochent de leur record de 2007. Mais dans un nombre très important d'entreprises françaises, les négociations salariales restent tendues.

Les négociations sur les salaires 2011 dans les entreprises, les NAO (négociations annuelles obligatoires) vont bientôt se terminer. Les Français auraient dû normalement s'attendre à des augmentations de salaires significatives. Et ce pour deux raisons : l'inflation, qui est nettement repartie à la hausse. Si les salaires ne suivent pas, cela se traduira pour les ménages par une perte de pouvoir d'achat et pour l'économie française par une baisse de la consommation.

Et puis deuxième raison, les entreprises, surtout les grandes, vont mieux. Elles sont sorties de la crise. Les profits des 40 plus importantes sociétés françaises cotées en Bourse ont presque retrouvé leur niveau d'avant la crise avec un bond de plus de 50% et plus de 80 milliards d'euros de bénéfices cumulés en un an.

Dans plusieurs grands groupes, des hausses significatives ont bien été au rendez-vous. Chez L'Oréal : 4,7% après 4,4% en 2010. Moins généreux, EDF offre tout de même 3,95% après les 4,1% de l'an dernier. Coup de turbo chez PSA Peugeot Citroën : 3% (pas pour tout le monde car cela comprend les augmentations invidiuelles, souligne un syndicaliste) après 1,9% l'exercice précédent. Total fait mieux : +3,5% prévu en 2011. Et dans les banques qui cherchent plus que jamais à recruter, une certaine générosité est aussi au rendez-vous avec une hausse annuelle de 4%.

Mais d'autres grandes entreprises ont connu ou connaissent encore des tensions voire des grèves, manifestations et occupations de locaux.  Ont ainsi été concernées le constructeur naval militaire DCNS (qui souligne que le conflit est terminé et qu'un accord a été trouvé avec les quatre organisations syndicales représentatives avec des hausses de salaires de 2,3% à 2,7%), Thales, Alcatel, JCDecaux ou Prisma Presse (car les journalistes ont aussi des revendications salariales) ...

Pourquoi la modération salariale reste-t-elle à l'ordre du jour alors que les profits du CAC 40 s'envolent ? D'abord parce que pour certains secteurs et certaines sociétés, la crise n'est pas terminée ou la reprise encore trop lente. Ensuite parce que les dirigeants économiques et politiques craignent ce que le président de la Banque centrale européene, la BCE, Jean-Claude Trichet, appelle un "effet de second tour" : une hausse des salaires venant nourrir l'inflation dans un cercle vicieux. Les déclarations du gouvernement sur le sujet sont d'ailleurs assez discordantes entre un ministre du Travail, Xavier Bertrand qui appelle à une "révolution des salaires" - des innovations en matière de participation seraient à l'étude - et une ministre de l'Economie Christine Lagarde qui estime qu'il ne faut augmenter les salaires que s'il y a augmentation de la productivité. Et en France, qui dit augmenter la productivité dit souvent... supprimer des emplois.