Heureux au travail ? Pas vraiment , selon deux salariés sur trois en France

Par Isabelle Moreau  |   |  575  mots
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La cinquième édition du baromètre Ipsos/Edenred, que La Tribune révèle en exclusivité et qui seront commentés ce mardi lors de la 21ème édition du Congrès HR, fait état d'une érosion du bien-être au travail des salariés français.

Selon les résultats du baromètre Ipsos/Edenred "Bien-être et motivation des salariés français en 2011"(*), la satisfaction professionnelle et la motivation des salariés français atteignent des scores historiquement bas.

En cause, "un déficit toujours aussi massif en terme de rétribution (la question du pouvoir d'achat et niveau de salaire restent très sensibles), mais aussi la question de l'utilisation des compétences des conditions de l'accomplissement au travail", indique l'étude. Qui précise également que "les blocages structurels du marché du travail sur le long terme empêchent la plupart des salariés de se projeter dans un avenir professionnel".

Antoine Solom, directeur général adjoint d'Ipsos Loyalty (photo), commente les résultats de la cinquième édition de ce baromètre.

En 2011, moins d'un salarié sur trois se dit "souvent" heureux au travail. C'est très peu ?
En effet. Le fait que cet indicateur soit en baisse pour la première fois depuis 2007, c'est un signal d'alerte. Une des caractéristiques du salarié français, c'est son investissement affectif au travail : sa fierté, son plaisir ou son accomplissement au travail. Pendant la crise, nous avons été surpris de voir que la dimension bien-être au travail était peu affectée. C'était porteur d'espoir. Or aujourd'hui, on voit que ce n'est plus le cas. Le bien-être au travail s'érode.

Les salariés français expriment de fortes attentes en termes de pouvoir d'achat. Faut-il les augmenter ?
L'étude montre que les salariés se sont radicalisés sur la quetsion du pouvoir d'achat. Pour autant, ce n'est parce qu'on augmente les gens qu'ils sont plus motivés. Mais si on ne réagit pas sur le pouvoir d'achat, on diminue leur motivation... Les salariés insatisfaits estiment qu'il leur faudrait 815 euros en plus par mois. Un demi-smic, c'est inatteignable ! Mais cela donne une idée de l'ampleur du malaise et de besoin de pouvoir d'achat des salariés. Ceux-ci veulent du pouvoir d'achat consommable tout de suite. On le voit avec les tickets restaurants qui servent aussi à réaliser des achats dans les supermarchés.

Les salariés attendent-ils autre chose ?
Ils expriment des attentes en termes d'employabilité, plus que de formation. Ils veulent être accompagnés dans leurs perspectives d'évolution. Et que l'on tiennent compte de leurs compétences.

La réforme des retraites a-t-elle un impact sur le bien-être et la motivation des salariés ?
Avec la réforme, les salariés ont perçu que les choses ne seraient plus comme avant. Mais personne ne sait non comment ce sera. Cela augmente leur malaise car ils savent qu'ils vont devoir travailler plus longtemps, mais ne connaissent pas leurs perspectives d'évolution.

Les salariés expriment-ils le même mal-être selon qu'ils travaillent dans une petite ou une grande entreprise ?
Pas vraiment. Dans les PME, le relationnel au travail est préservé car il y a un mangement de proximité et que la lecture de "l'environnement business" est plus facile, même si des incertitudes quant à l'avenir existent. Les salariés sont plutôt moins démobilisés que dans les grandes entreprises. Ils ont aussi une propension à aller davantage voir ailleurs. Ce qui n'est pas le cas dans les entreprises de plus de 1.000 salariés, où la mobilité est très faible.

(*) Sondage réalisé auprès d'un échantillon représentatif de 4.000 salariés français