Chatel veut réformer l'évaluation des enseignants en 2011

Par Clarisse Jay  |   |  434  mots
Les négociations s'ouvriront dans les prochains jours. Les syndicats craignent une individualisation des carrières.

Luc Chatel, pressé par le calendrier politique, a décidé de passer à la vitesse supérieure sur l'évaluation des enseignants. Après avoir soumis aux syndicats lundi les résultats d'une consultation menée auprès de 4.600 enseignants par le cabinet de conseil privé Alixio (qui appartient à l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie), il compte ouvrir les négociations sur le sujet dans les prochains jours. L'évaluation des enseignants est l'un des volets du "pacte de carrière" promis par le ministre de l'Education nationale.
Le ministère "espère caler une fin de négociations à la fin de l'année",  précise Josette Théophile, la DRH de l'Education nationale. Ce calendrier est jugé trop serré par les syndicats d'enseignants dont les élections professionnelles auront lieu les 13 et 20 octobre. "Nous ne pourrons rien faire avant. Le système datant de 1950, pourquoi ne pas attendre un an de plus et prendre son temps pour négocier ?", interroge Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT.

Entretiens professionnels

Cela fait en effet des années que le sujet de l'évaluation des enseignants est sur la table. On ne compte plus les rapports sur ce sujet. La nécessité de réformer l'évaluation des enseignants fait d'ailleurs consensus, tant le système est jugé obsolète et inadapté aux réalités actuelles du métier (les enseignants sont notés pour 60 % par l'inspection et pour 40 % par l'administration, sachant qu'ils sont inspectés grosso modo tous les 5 ans). Mais les pistes qui émergent depuis plus années, à commencer par une plus grande implication du chef d'établissement dans le processus ou le remplacement de la notation par des entretiens professionnels, rencontrent l'opposition des syndicats. Ceux-ci craignent que cela ne conduise à une rémunération au mérite. Pour le Snes-FSU, principal syndicat du second degré, le ministère veut ainsi "dissimuler la dévalorisation des métiers de l'Education en développant les mesures individuelles". Bref, faute de réelle revalorisation collective des rémunérations (seuls les débuts de carrières en ont bénéficié), les promotions individuelles risquent de monter en puissance. Conséquences, "une concurrence faussée, des clivages sociaux et une vision managériale », anticipe Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa.
"Tant qu'il y a un lien entre évaluation et avancement, on est obligé de maintenir des procédures mécaniques. Or l'évaluation doit plus être un outil d'accompagnement et d'évolution de carrière que de sanction", estime Thierry Cadart, qui suggère de déconnecter les deux.