La hausse du pouvoir d'achat des enseignants n'a pas été égalitaire

Le gouvernement estime à 1 milliard d'euros son effort en faveur du pouvoir d'achat des professeurs depuis 2007. Mais tous les enseignants ne sont pas logés à la même enseigne.
Tous les enseignants n'ont pas vu progresser leur pouvoir d'achat de la même manière.

En plein débat sur le pouvoir d'achat des fonctionnaires et en pleine fronde contre les suppressions de postes d'enseignants, le gouvernement maintient le cap. La règle du non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite sera maintenu au moins jusqu'en 2012, sachant que le schéma de rationalisation de l'emploi enseignant est calé pour 2011-2013. Le chiffre de 16.000 nouvelles suppressions de postes, non confirmé par le ministère, circule déjà pour le budget 2012.

Le ministre de l'Education nationale Luc Chatel maintient d'autant plus cette politique qu'il y est contraint par Bercy, restrictions budgétaires oblige, et qu'il estime avoir encore des marges de man?uvres. Il a encore rappelé dernièrement sur France Inter que, malgré les 65.000 postes supprimés depuis 2007, il y a encore aujourd'hui plus d'enseignants et  moins d'élèves qu'il y a 15 ans. Surtout, sont mises dans la balance les revalorisations statutaires et indemnitaires, à commencer par les heures supplémentaires, désormais largement promues dans la Fonction publique pour pallier les réductions d'effectifs.

Près d'un milliard d'euros en plus depuis 2007

En agrégeant toutes les mesures mises en place depuis la rentrée 2007, ce sont ainsi 981 millions d'euros supplémentaires en pouvoir d'achat dont disposent les personnels enseignants et d'éducation aujourd'hui. Soit 264 millions d'euros de mesures de carrière, 344 millions de mesures de revalorisation des heures supplémentaires, 100 millions pour la rémunération de l'accompagnement éducatif et 273 millions de mesures indemnitaires (dont 33 millions de prime d'entrée dans le métier, 32 millions pour les enseignants procédant aux évaluations en CE1 et CM2, 16 millions d'augmentation de rémunération des copies du baccalauréat, 14 millions dans le cadre de la rénovation de la voie professionnelle...). Les personnels de direction ont, eux, obtenu 21 millions d'euros supplémentaires.

"Système inégalitaire"

Ce milliard supplémentaire de pouvoir d'achat est un leurre pour les syndicats d'enseignants. Outre qu'il compile des mesures anciennes (comme les 75 millions de poursuite du plan d'intégration des instituteurs dans le corps des professeurs des écoles lancé engagée depuis... 1990), les heures supplémentaires représentent la majeure partie des revalorisations. Selon le ministère, ces heures sont très recherchées par les enseignants. A fortiori depuis qu'elles ont été défiscalisées et majorée. Mais cette logique revient, selon le secrétaire général du Sgen-CFDT à "échanger une hausse du pouvoir d'achat contre une dégradation des conditions de travail". Conséquences : une moindre disponibilités pour le travail en équipe et "un système inégalitaire" avec une individualisation accrue des rémunérations, pointe Guy Barbier, secrétaire national du SE-Unsa.

D'une part seuls les enseignants du second degré peuvent y prétendre et les plus grands utilisateurs sont ceux qui ont le plus de contraintes financières ou de disponibilités (agrégés, professeurs en classe préparatoire...). A ce rythme, selon certaines sources, certains professeurs de classe prépa qui multiplient les colles reçoivent les rémunérations les plus élevées de leur académie, loin devant le recteur. Quant aux autres enseignants, malgré les revalorisations consenties pour les débuts de carrière et leur formation de niveau master désormais, ils restent à la traîne : comparé aux autres "cadres" (catégorie A) des autres fonction publiques et du privé, les écart de rémunération vont de 20 % à 60 %, rappelle Guy Barbier. Autre paradoxe, relevé par la Cours de comptes, le coût pour l'Etat : l'enveloppe des heures supplémentaires est ainsi passée de 1,25 milliard d'euros en 2010 à 1,416 milliard d'euros en 2011. Mais pour la rue de Grenelle, il s'agit d'un effort à "long terme".

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