Un tiers des salariés français pensent à quitter leur entreprise

Par Isabelle Moreau  |   |  473  mots
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Selon les résultats de la nouvelle étude "What's working" menée par Mercer, l'engagement à l'égard de son employeur est en fort recul.

Les salariés ont le blues. Selon les résultats de la nouvelle étude "What's working" menée par Mercer et réalisée pendant les six derniers mois auprès de 30.000 salariés d'entreprises dans seize pays, dont 2.000 en France, l'engagement des salariés envers leur entreprise est en chute libre. Ainsi 30% des salariés français songent en ce moment sérieusement à quitter leur emploi, soit 57% de plus qu'en 2007, avant la crise, indique ce document que dévoile La Tribune. Un chiffre identique en Espagne, et qui grimpe à 36% au Royaume-Uni et au Canada et à 40% en Italie.Par ailleurs, 50% des salariés français seulement, soit 11% de moins qu'en 2007, "ressentent encore un fort attachement à leur entreprise".

Réussir pour l'entreprise

Dans le même temps, la volonté des salariés d'agir pour faire réussir l'entreprise reste identique (53%) en 2011 par rapport à 2007. De même, la propension des salariés à parler positivement de leur entreprise reste intacte : 56% d'entre eux (autant qu'en 2007), continuent de "recommander vivement les produits ou services de l'entreprise à leurs amis ou à leurs proches", note l'étude.

"La fin de l'emploi à vie"

Ce paradoxe, Eric Sarrazin, responsable "Talent management" chez Mercer l'explique par le fait que "les salariés ont entériné la fin de l'emploi à vie, la déconnexion du lien de fidélité avec leur entreprise". Il poursuit : "aujourd'hui les salariés sont liés à leur entreprise par un contrat. Ils se disent : quand je trouve mon intérêt dans le job je reste, sinon je ne reste pas. On avait vu ce phénomène progresser lentement ces dernières années. Mais avec la crise, il atteint son point d'orgue. C'est le sentiment de la réalisation de soi au travers du travail qui en a pris un coup."

Pour autant, tous les salariés ne sont pas prêts à claquer la porte de l'entreprise, car le marché du travail est tendu. "Mais quand le paysage sera plus favorable, certains d'entre eux vont bouger", prévient Eric Sarrazin.

"Inquiétude des jeunes"

L'étude montre également que les salariés français s'estiment satisfaits en termes de rétributions par rapport à leur performance (31% de plus qu'en 2007). "Même si leurs rémunérations ont peu augmenté depuis le début de la crise, ils ont le sentiment qu'elles sont plus équitables. Ils pensent ?reconnaissance? car les entreprises ont essayé d'améliorer le management et les ressources humaines", décrypte le responsable de Mercer.

Enfin, le nombre de salariés qui estiment compétitifs les avantages sociaux (retraite, santé, prévoyance, etc.) proposés par leur entreprises s'effondre de près de 30%. Plus notable : "ce sont les jeunes qui étaient traditionnellement les plus neutres qui sont plus inquiets", pointe Eric Sarrazin. La réforme des retraites et les mobilisations qui l'ont accompagnée ont laissé des traces.