La gauche réformera-t-elle le luxueux train de vie du Sénat ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  382  mots
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Rémunération, indemnités, avantages en nature... Les sénateurs jouissent de nombreux avantages coûteux.

« La démocratie a un prix » aime à dire Gérard Larcher, président UMP du Sénat (au moins jusqu'au 1er octobre) à ceux qui dénoncent le train de vie des sénateurs. Certes, l'indépendance du pouvoir législatif passe, notamment, par les moyens financiers mis à sa disposition. Le budget global du Sénat est de 346,178 millions d'euros, dont 327,694 millions de dotation de l'État. Le premier poste de dépenses (38 %) est constitué par les rémunérations des 1.140 fonctionnaires et 48 contractuels. Le prix de la qualité du travail législatif. Mais d'autres dépenses sont moins justifiées, comme la location d'appartement de fonction de prestige dans le quartier du Luxembourg, l'un des plus cher de Paris. Gérard Larcher a commencé une « rationalisation » mais la nouvelle majorité de gauche ira-t-elle au-delà ?

À quel titre, tel ancien président du Sénat ou tel haut fonctionnaire de l'Assemblée, doit-il disposer d'un appartement de plusieurs centaines de mètres carrés ? Est-il normal que tous les sénateurs disposent d'une carte de transport gratuite valable sur tout le réseau d'Île-de-France ? Côté rémunérations, un sénateur bénéficie d'une indemnité de base mensuelle de 5514,68 euros, à laquelle s'ajoute diverses « indemnités », portant le total brut mensuel à 7.100 euros. S'ajoute à cela une indemnité « représentative de frais de mandat » de 6.240,18 euros mensuels, non imposable, et 7.548 euros correspondant à la rémunération mensuelle de trois assistants à temps plein.

Le règne de l'opacité...

Quant au régime de retraite, même réformé de nombreuses fois, notamment par Gérard Larcher, il reste très généreux. La retraite peut être touchée à 62 ans. Les cotisations sont passées de 9,5% à 10,55% de l'indemnité de base. Le dispositif de double cotisation a été remplacé par un régime complémentaire par point. Résultat, un mandat donne droit à une pension mensuelle de 1.932 euros ; deux mandat à 3.096. La pension moyenne atteint... 4.644 euros. Et que dire encore de cette « réserve parlementaire » dans laquelle peut puiser un sénateur pour financer « une bonne oeuvre » dans son département. Le règne de l'opacité... La majorité de gauche devra s'atteler à un sacré travail de clarification.

* À lire, l'excellent ouvrage de Françoise Cariès et Suzette Bloch « La bataille du Sénat » (Robert Laffont, 210 pages, 19 euros).