Pôle emploi peine à voir le chômage baisser en 2012

Par latribune.fr  |   |  661  mots
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L'an prochain, le nombre de chômeurs en France ne devrait que très légèrement diminuer en raison du ralentissement des créations de postes, prévient Pôle emploi.

Même si la croissance ne faiblissait pas l'an prochain, le nombre de chômeurs en France ne devrait que très légèrement diminuer en raison du ralentissement des créations de postes, montrent mardi les nouvelles perspectives économiques de Pôle emploi. En retenant une hypothèse de croissance de 1,7% pour 2012, quasiment celle du gouvernement dans son projet de budget (+1,75%), les effectifs des demandeurs d' emploi en catégorie A diminueraient de 5.000 seulement sur l'année à venir,  effaçant la hausse prévue cette année.

"Exagérément pessimiste"

Et ce scénario est loin d'être le plus probable: celui d'une croissance 2012 à 1,4%, qui correspond à la dernière prévision du FMI conduit à une hausse de
12.000 du nombre de chômeurs en catégorie A. Pôle emploi n'a en revanche pas retenu le scénario désormais jugé le plus probable par les économistes, celui d'une croissance plus faible encore l'an prochain, de l'ordre de 1,2%. "Nous considérons qu'il est, à ce stade, exagérément pessimiste", s'est défendu son directeur général, Christian Charpy, devant des journalistes.

"Un peu la même situation qu'en septembre 2008."

Le 22 septembre, l'Unedic, le gestionnaire de l'Assurance chômage, avait présenté des prévisions nettement plus sombres justement basées sur une croissance 2012 à 1,2%, disant anticiper une hausse de 55.500 du nombre de demandeurs d' emploi en catégorie A en 2012 après +36.700 cette année.
"Nous sommes pour l'instant assez confiants", a assuré Christian Charpy, qui quittera son poste à la fin de l'année. "S'il y avait une déflagration
économique, les choses seraient différentes. Mais c'était un peu la même situation en septembre 2008."

La mauvaise nouvelle d'août

Le chômage (en catégorie A) est resté quasiment inchangé en août après trois mois de hausse, selon les statistiques publiées la semaine dernière. Mais cette stabilisation pourrait être brève en raison de la dégradation rapide de la conjoncture et de la confiance des entreprises. Mardi, l'enquête mensuelle PMI de l'industrie a montré une contraction de l' emploi pour la première fois depuis un an. Or, les chiffres des derniers mois suggèrent une forte réactivité du marché du travail à la conjoncture, note Bernard Ernst, directeur des études et prévisions de Pôle emploi. L'annonce mi-mai d'une croissance de 1,0% en France au premier trimestre (révisée depuis à 0,9%) s'est ainsi accompagnée d'une envolée des entrées à Pôle emploi, alors que celle, mi-août, d'une stagnation au deuxième trimestre s'est conjuguée avec une baisse de ces entrées, explique-t-il. La bonne surprise du premier trimestre aurait ainsi favorisé le retour sur le marché du travail de personnes qui en étaient sorties ou qui n'y étaient jamais entrées. La mauvaise nouvelle d'août aurait provoqué l'effet inverse.

L'impact de la crise de la dette

Sur cette base, la dégradation récente du climat économique mondial, les risques de tension sur le crédit et les turbulences sur les marchés financiers
pourraient avoir des conséquences rapides sur la courbe du chômage. Et remettre en cause les perspectives encourageantes dessinées avant l'été par l'enquête sur les "besoins en main-d'oeuvre" (BMO). En additionnant les recrutements réalisés au premier semestre et les intentions pour le second, Pôle emploi était alors parvenu à un total de 3,132 millions d'intentions de recrutements pour l'ensemble de 2011, un chiffre plus que doublé par rapport aux projets recensés en décembre. En fait, les créations d' emplois devraient nettement ralentir au second semestre: Pôle emploi n'en prévoit que 130.000 sur l'ensemble de cette année, ce qui suggère un rythme quasiment divisé par trois entre le premier et le second semestres.

Et pour 2012, les créations de postes dans les entreprises affiliées à l'assurance chômage ne devraient pas dépasser 126.000 avec une croissance à
1,7%, 101.000 avec 1,4% de hausse du PIB.