L'opacité entoure les rémunérations des patrons de la finance

Par Laura Fort  |   |  448  mots
La Tribune infographie
A première vue, les salaires des dirigeants des banques françaises semblent peu élevés. Sauf qu'ils n'intègrent pas les bonus.

Contrairement à une idée reçue, les dirigeants des banques ne figurent pas parmi les mieux payés de France. Selon la dernière étude du cabinet AlphaValue, le salaire moyen d'un dirigeant de banque en France (sur vingt-quatre dirigeants étudiés) se monte à 669.665 euros en 2010, en hausse de 12% par rapport à 2009. Bien mieux lotis, en apparence en tout cas, sont les dirigeants des grands groupes d'assurance français (seize dirigeants étudiés) qui ont touché en moyenne 2.553.701 euros en 2010, soit une augmentation de 66% par rapport à l'année précédente. A titre d'exemple, la rémunération totale d'Henri de Castries, PDG d'Axa, s'est élevée à 3,3 millions d'euros, celle de Michael Diekmann, PDG d'Allianz, à 5,8 millions d'euros (hors pension), ou celle de Jean Azéma, alors directeur général de Groupama, à 1,5 million d'euros.

Pour les banquiers, l'information est à relativiser, car ces 669.665 euros intègrent le salaire plus "modeste" des dirigeants de Dexia (hors Dexia, cette moyenne atteindrait 875.000 euros) et surtout, ne prennent pas en compte les bonus. Ceux-ci ne sont en effet pas diffusés ou, s'ils le sont, c'est un ou deux ans après la publication des rémunérations de l'année en cours. "Par rapport à d'autres activités, la diffusion d'informations dans le secteur bancaire français est plus obscure", explique AlphaValue. Un point qui explique également pourquoi les salaires des patrons français de banques sont inférieurs de 79% à ceux de leurs confrères européens, qui dépassent allègrement les 3 millions d'euros. Du coup, au niveau européen, la rémunération des dirigeants des banques est supérieure de 40% à celle des dirigeants des autres secteurs d'activité.

Et parmi les banquiers les mieux payés d'Europe, on retrouve Robert Diamond de Barclays (11,6 millions d'euros), Brady Dougan de Crédit Suisse (9,2 millions d'euros), ou encore Alfredo Saenz Abad de Santander (7,9 millions d'euros). L'étude montre aussi les écarts de salaires entre dirigeants et salariés. En Europe, la rémunération des dirigeants de banques est 44 fois plus élevée que celle, moyenne, des salariés, contre 34 fois dans l'assurance.

Par ailleurs, pour contrôler les rémunérations variables jugées excessives dans le secteur financier, les principes du "Financial Stability Board" ont été mis en oeuvre en 2010. L'Autorité de contrôle prudentiel (ACP) a dressé un état des lieux de leur première année d'application. En France, elle remarque des différences entre les banques qui ont ou non une activité à l'étranger ou de banque de financement et d'investissement. L'ACP note que "le degré de communication souhaitable est trop disparate et les "moins-disants" ne nient pas vouloir se préserver de leurs concurrents sur le marché de l'emploi"...