Sarkozy : "occulter la crise est irresponsable et moralement inacceptable"

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  950  mots
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Nicolas Sarkozy a accusé ce dimanche ses adversaires pour l'élection présidentielle d'"occulter" la crise et de mettre ainsi en danger l'avenir de la France. Phénomène sans précédent sous la Vème République, une majorité de Français (54% selon TNS-Sofres) se disent certains de ne pas voter pour le président sortant.

Devancé dans les sondages par le candidat socialiste François Hollande, le président sortant tenait son deuxième meeting de campagne à Marseille devant une salle d'environ 7.000 personnes, quatre jours après sa déclaration de candidature. "Ceux qui font comme si rien de grave ne s'était passé depuis trois ans dans le monde (...) mentent aux Français", a-t-il lancé en présence de son épouse, Carla, assise au premier rang entre le Premier ministre François Fillon et le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé. "Occulter la crise, ce n'est pas seulement malhonnête, c'est dangereux. On ne se défend pas contre des périls dont on nie l'existence (...), on ne protège pas contre des menaces que l'on fait semblant d'ignorer", a ajouté le chef de l'Etat, qui a qualifié cette attitude d'"irresponsable et moralement inacceptable".

Carla ! Carla !

Nicolas Sarkozy s'est, par contraste, de nouveau présenté en protecteur des Français en assurant que sa politique avait évité à la France une "catastrophe". Quelques instants auparavant, l'apparition de la première dame de France sur un des écrans géants flanquant la tribune avait déchaîné une clameur ponctuée de "Carla ! Carla !" qui ont momentanément remplacé les "Sarko président ! Sarko président !" Le décor semble déjà rodé : un pupitre flanqué de deux drapeaux, l'un français, l'autre de l'Union européenne et, en fond de scène, un écran géant reprenant son slogan de campagne - "La France forte". Et une musique de film à grand spectacle spécialement composée par le musicien Laurent Ferlet pour accompagner la montée du candidat à la tribune. A l'issue de la prestation du président-candidat, Carla Bruni-Sarkozy devait qualifier de "très émouvant et merveilleux" le discours que venait de prononcer.

Un peu de proportionnelle

Le candidat Nicolas Sarkozy s'est par ailleurs montré favorable à un peu de proportionnelle. "Je suis attaché au scrutin uninominal à deux tours", a entamé le président devant le président de l'Assemblée nationale, présent au parc Chanot. "Je suis convaincu qu'un mode de scrutin doit dégager une majorité capable de gouverner". Mais il pense qu'un peu de proportionnelle "à la marge" serait une bonne chose : "Je crois qu'on est plus fort quand on peut s'exprimer à l'intérieur de la politique", a dit le candidat, le mode de scrutin actuel "tenant à l'écart" de l'Assemblée de "grands courants de notre vie politique". Il s'est également montré favorable à "réduire un peu le nombre de nos parlementaires".

Hollande attaquée sur la finance

Nicolas Sarkozy a également attaqué le socialiste François Hollande clairement, même s'il ne l'a pas cité directement, lors de son premier meeting de campagne aujourd'hui à Marseille. "Où est la vérité quand on dit tout et son contraire, quand on fait semblant d'être Thatcher à Londres, et Mitterrand à Paris", a dit le candidat, en référence à l'interview donnée par François Hollande au journal londonien The Guardian. Dans cette interview, il avait dit que le monde de la finance ne devait pas craindre un président socialiste, alors qu'il avait décrit le monde la finance comme "le grand ennemi" de sa campagne. "Ce n'est pas comme ça qu'on dirige la 5e puissance mondiale", a ajouté Nicolas Sarkozy. Un peu plus tard, sur BFMTV, Hollande répliquait : "Moi ce que j?ai dit sur la finance je le maintiens. La finance est notre adversaire quand elle est devenue folle (...). Je ne tolèrerai rien. Je réformerai le système bancaire. Je ferai en sorte qu?aucune banque française n?ait d?activités dans les paradis fiscaux", a-t-il ajouté. "Je suis pour que la finance soit au service de l?économie. Elle devient l?adversaire quand la finance vit de l?économie, c?est contraire aux intérêts de la France et de l?Europe."

"Ca va être dur"

Plusieurs centaines de jeunes, agitant des drapeaux tricolores et revêtus de t-shirts blanc proclamant "les jeunes avec Sarkozy" avaient chauffé la salle, attendant le candidat en entonnant la Marseillaise. "Il faut absolument qu'il gagne, il va gagner mais ça va être dur", prédit Mathieu, 27 ans, salarié dans la restauration à Cannes. "Les Français ne se rendent pas comptent des réalités du monde. Il ne faut pas quelqu'un qui fasse plaisir aux gens mais qui fasse ce qu'il faut."

"J'ai vu le film 'La Dame de fer'", raconte pour sa part Jacques, 71 ans, ingénieur à la retraite, dans une allusion à un film sur l'ex-Premier ministre britannique Margaret Thatcher. "Sarkozy est de la même trempe." En vedettes américaines, le sénateur-maire UMP de Marseille Jean-Claude Gaudin et Jean-François Copé ont lancé un appel à la mobilisation générale pour soutenir leur candidat.

Copé mobilisé

Le secrétaire général de l'UMP n'a pas hésité à annoncer 15.000 participants au meeting de Marseille, plus du double du nombre réellement constaté sur place. Jean-François Copé a dénoncé les "caricatures d'une opposition toujours arrogante et revancharde" et le "petit microcosme" qui a décidé, selon lui, que l'élection était jouée et que "le peuple n'avait pas son mot à dire". Il a dit sentir "monter l'élan" en faveur de Nicolas Sarkozy depuis sa déclaration de candidature, mercredi. "Ce qui se joue dans les prochaines semaines, c'est l'avenir de notre pays", a ajouté le dirigeant de l'UMP. "Nous allons apporter à Nicolas Sarkozy notre mobilisation totale", a pour sa part lancé Jean-Claude Gaudin. "Maintenant les masques vont tomber, ceux du mensonge par rapport à la vérité et ceux de la démagogie par rapport au courage."