Sarkozy, "candidat du peuple", stigmatise les élites et les corps intermédiaires

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  667  mots
Copyright Reuters
Nicolas Sarkozy a redoublé dimanche, au nom de son "amour pour la France". "Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes mais les corps intermédiaires qui n'aiment rien tant que l'immobilisme", a déclaré le chef de l'Etat. Nicolas Sarkozy a dit vouloir être le "candidat du peuple" et non celui d'une "petite élite contre le peuple".

Nicolas Sarkozy a ouvert son discours de près d'une heure par une ode à la France - "Jeune (...) je l'aimais comme on aime l'air qu'on respire". Mais pour mieux s'en prendre à son adversaire, qu'il a accusé, sans le nommer d'"oublier la France".

Il s'est de nouveau présenté en protecteur des Français et s'est vanté de leur avoir épargné une "catastrophe". Tout en soutenant que s'ils avaient souffert de la crise, c'était "à proportion des erreurs" commises par ses prédécesseurs. "L'idéologie du partage du travail, la mise en cause systématique de toute forme d'autorité, la dilution des responsabilités ont affaibli la France", a-t-il lancé.

"QUAND ON AIME LA FRANCE ..."

"Aimer la France, c'est refuser d'accepter les 35 heures (...), c'est refuser de promettre la retraite à 60 ans (...), refuser d'augmenter les dépenses et d'augmenter les impôts", a-t-il poursuivi - autant de coups de griffes contre le PS. "Quand on aime la France, on veut que la France soit maîtresse de son destin et maîtresse chez elle", a ajouté le président, qui s'est attardé sur le contrôle de l'immigration, dont il fait un marqueur du clivage droite-gauche. "Si l'on ne maîtrise pas l'immigration (...) notre protection sociale ira droit à la faillite, notre pacte social explosera", a-t-il dit. "Refuser tout contrôle, récuser l'immigration choisie, laissant ainsi la porte à l'immigration subie, c'est irresponsable et c'est moralement condamnable."

Il a accusé implicitement François Hollande de "réduire la nationalité française à une adresse" en proposant le droit de vote pour les étrangers aux élections locales et a dit vouloir, pour sa part, s'opposer à "toute dérive communautariste". "Pas de compromis avec les valeurs républicaines !" a-t-il martelé. "Quand on aime la France on défend ces valeurs (...), on ne dresse pas les minorités contre la République (...), on n'est pas du côté de ceux qui, pour défendre leurs intérêts, bloquent le pays (...) Quand on aime la France, on ne ment pas tous les jours aux uns pour faire plaisir aux autres."

Nicolas Sarkozy a redit vouloir mener "une campagne de vérité". Il s'en est de nouveau pris aux "élites", qui se sont octroyées des rémunérations défiant le "sens commun", et aux "corps intermédiaires" - partis, syndicats, groupes d'intérêts, etc. - accusés de confisquer la parole des Français. "Ce ne sont pas les Français qui sont rétifs aux réformes mais les corps intermédiaires qui n'aiment rien tant que l'immobilisme", a déclaré le chef de l'Etat, qui a de nouveau défendu sa proposition de référendums sur des sujets de société. Nicolas Sarkozy a dit vouloir être le "candidat du peuple" et non celui d'une "petite élite contre le peuple".

POUR UN PEU DE PROPORTIONNELLE

Une seule proposition nouvelle émerge d'un discours qui n'en comptait guère : corriger "à la marge" par une dose de proportionnelle le scrutin uninominal à deux tours, qui est la règle en France pour les élections législatives, afin de permettre à tous les courants politiques d'être représentés - une vieille revendication du Front national, notamment.

Nicolas Sarkozy a ainsi pris a contre-pied Jean-François Copé, le secrétaire général de son parti, l'UMP, opposé à une telle mesure, que François Hollande a pour sa part d'ores et déjà promis de mettre en oeuvre s'il est élu. Le chef de l'Etat a également promis d'engager un dialogue avec toutes les formations politiques sur une réduction du nombre de parlementaires, en France.

Bien qu'il ait marqué le début de sa campagne par un net coup de barre à droite, il a assuré vouloir parler à tous les Français - "Je veux dire aux Français qu'il ne faut pas toujours se demander si une idée est de droite ou de gauche mais si cette idée est la bonne pour le pays", a dit le chef de l'Etat.