La taxation à 75%, du jamais vu depuis les années 70...

Par Ivan Best  |   |  420  mots
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Aucun pays dans le monde industriel ne taxe aussi fortement la tranche supérieur des hauts revenus. Le maximum est atteint en Suède, avec 56,4%

« Où est l'Europe où est la convergence, quel est le sens d'une proposition comme ça ? » a déclaré, ce mardi, Nicolas Sarkozy, commentant l'annonce de François Hollande d'une imposition des riches à 75%. Il s'agirait d'imposer les à ce niveau les revenus au-delà d'un millions d'euros. Et seulement les revenus par part dépassant ce montant. Autrement dit, souligne Michel Sapin, un célibataire gagnant 1,2 million d'euros serait imposé, compte tenu du système de barème, à un taux moyen de 48%. 20.000 à 30.000 foyers fiscaux seraient concernés.

Pour autant, la taxation de 75% promise par François Hollande peut faire figure de petite révolution... car aucun pays dans le monde n'affiche aujourd'hui de tels taux d'imposition. Le pays qui va le plus loin en ce sens est la Suède, avec un taux dit marginal de 56,4%. En moyenne, le taux maximum au sein de la zone euro est de 42%, selon Eurostat. Si l'on considère l'ensemble de l'Europe, il est même limité à 37,1%. On trouvait de tels taux d'imposition après la seconde guerre mondiale, y compris aux Etats-Unis, où ils avaient grimpé jusqu'à 91%. Au cours des années 60, Kennedy avait ramené ce taux maximal à 64%. En Grande-Bretagne, il atteignait encore jusqu'à 98% pour les revenus de placement! La révolution thatchérienne a mis fin à ce genre de pratique, qui a disparu avec les années 70. Aujourd'hui, les britanniques taxent au maximum à 50%, après des années d'imposition à 40%.

En France, le taux maximum était proche de 80% sous.... le général de Gaulle, au milieu des années 60. François Mitterrand au pouvoir était resté juste en dessous, même en 1981.Puis, avec un peu de retard sur le monde anglo-saxon, le taux maximal français a été ramené, progressivement, à 40%, par Dominique de Villepin, en 2007.

Deux réactions envisagées de la part des "riches"

Le montant retenu par le candidat Hollande va donc bien au-delà ce qui se pratique dans le reste du monde. Avec quels effets économiques, si une telle réforme était mise en ?uvre ? Deux réactions peuvent être envisagées, de la part des hauts revenus concernés. Soit la fuite - déjà, les demandes de renseignement auprès des avocats fiscalistes, dans l'optique d'un exil fiscal, ont bondi ces derniers mois-, soit l'optimisation fiscale. Il n'est pas si difficile pour un cadre international de localiser une partie de ces revenus à l'étranger. Ce genre de pratique risque fort de croître et multiplier...avec, en conséquence, une perte de recettes fiscales. Mais la symbolique sera sauve...