Education : les coûts comparés des programmes de Sarkozy et Hollande

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  640  mots
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L'Institut de l'entreprise, un think tank proche du patronat, a passé au scalpel le coût de diverses mesures des deux principaux candidats à destination des enseignants et des étudiants.

Comme il le fait régulièrement depuis le début de la campagne électorale, l'Institut de l'entreprise (un think tank proche du patronat) s'est penché sur de nouvelles propositions émises par les deux principaux postulants, Nicolas Sarkozy et François Hollande, notamment sur les questions de l'enseignement.

Sarkozy pour une revalorisation des salaires des enseignants : entre 148 et 625 millions d'euros

"Je propose que désormais tout enseignant qui voudra travailler davantage puisse le faire avec 26 heures de présence dans les établissements contre 18 heures aujourd'hui, avec en contrepartie une augmentation de son traitement de 25%, soit 500 euros par mois.(...) je souhaite aussi donner à chaque établissement la possibilité de constituer de véritables équipes pédagogiques , en lui donnant la liberté de recruter directement les professeurs avec une plus grande souplesse, dans des régime indemnitaires différenciés(...)"
Selon l'Institut de l'Entreprise, revaloriser le salaire des enseignants (du secondaire) qui souhaitent travailler davantage coûterait entre 148 millions et 295 millions (évaluation sur le stock, c'est - à - dire les enseignants actuels et non sur le flux, donc les nouveaux). Bien entendu, selon le nombre de volontaires le coût sera in fine très différent.

En outre, le coût dépendra aussi de l'augmentation consentie par professeur volontaire. Si l'augmentation de 25% est confirmée, elle correspond bien, selon l'Institut, à environ 500 euros en moyenne. Mais elle est inférieures (environ 460 euros) si l'on raisonne aussi avec les nouveaux entrants. S'agissant de l'autonomie des établissements et de la liberté de recruter, le coût pourrait varier entre... zéro et 330 millions selon que l'enveloppe consacrée aux établissements résulte ou non de moyens supplémentaires.

Hollande et ses propositions pour les étudiants : entre 166 et 216 millions

"Je veux la création d'un service public de l'orientation territorialisé. Ce service devra être unifié du secondaire au supérieur. Dans les universités, nous donnerons aux bureaux d'insertion professionnelle de vraies compétences et des moyens".

Selon l'Institut, il y a deux façons d'envisager le chiffrage de la mesure : soit il s'agira d'une création ex nihilo, soit en considérant qu'il s'agira plutôt de réorganiser ce qui existe déjà. Dans la première hypothèse, il est supposé que le bureau nécessitera à temps plein au moins un responsable, deux chargés de mission et deux secrétaires. Selon les calculs de l'Institut, chaque service ainsi composé coûterait 200.000 euros par an (frais de personnel, fonctionnement, communication, etc.). Ce coût multiplié par 80 universités reviendrait à 16,6 millions d'euros. En revanche, si la mesure vise simplement à réorganiser des services existants autour d'un chef de service commun, un seul poste serait alors créé (30.000 euros par an). Et si l'Etat alloue un budget de 50.000 euros de fonctionnement, la mesure reviendrait par an pour 80 universités à 6,6 millions.

François Hollande s'est aussi engagé sur "un programme de 40.000 nouveaux logements étudiants sur 5 ans (...) auquel s'ajouteront les logements sociaux auxquels les étudiants devront avoir accès".
L'Institut ne cache pas sa difficulté à chiffrer la mesure car "François Hollande propose aujourd'hui un nouveau plan Anciaux, du nom du député qui lança en 2004 un grand plan de reconstruction et de rénovation du parc des Crous. C'est précisément de là que vient la difficulté du chiffrage puisqu'il n'est pas certain que les 40.000 logements annoncés tiennent compte ou non des projets actuels, notamment du plan Anciaux qui arrive à échéance en 2014 (...)".

En tout état de cause, les 5.000 créations et 6.000 réhabilitations de l'année 2012 ont coûté 112 millions à l'Etat en 2010 selon l'Institut. En s'en tenant aux seules constructions, le coût "normal" d'un logement étudiant varie entre 20.000 et 25.000 euros, ce qui reviendrait pour 40.000 logements à un chiffrage variant entre 800 millions et un milliard. Soit un coût annuel oscillant entre 160 et 200 millions d'euros.

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