Aucun problème de coût du travail en Europe, sauf en... France, selon Patrick Artus

Par Ivan Best  |   |  335  mots
Montage de la Clio
Selon le directeur de études économiques de Natixis, seule l'économie française est handicapée en Europe par un coût du travail trop élevé. Celui-ci est plus lourd en Allemagne ou en Suède, mais les industries de ces pays sont mieux spécialisées, dans le haut de gamme

Quels sont les pays en Europe qui se trouvent handicapés par un coût du travail trop élevé? La Grèce, l'Espagne, le Portugal, l'Italie? "Vous n'y êtes pas" répond le directeur des études économiques de Natixis, Patrick Artus. "Seule la France est dans ce cas". Un avis très tranché, apparemment en contradiction avec les statistiques que l'Insee a publiées récemment: selon les statisticiens, le coût du travail atteint en moyenne 33,16 euros par heure dans l'industrie française, contre 33,37 en Allemagne, 34,51 euros en Suède... ces pays devraient donc avoir, aussi, un sérieux problème de charges de main d'oeuvre. 

Mais Patrick Artus ne s'arrête pas à ces chiffres bruts. Il faut bien sûr les pondérer par la structure industrielle. Les entreprises allemandes peuvent sans aucune difficulté payer leurs employés relativement cher, au vu de la structure de leurs produits, à forte valeur ajoutée. En revanche, en France, martèle l'économiste, l'industrie s'est spécialisée dans des produits beaucoup trop bas de gamme. Il suffit de jeter un oeil sur le secteur automobile pour s'en convaincre: Renault et Peugeot produisent des petites voitures sur lesquelles les fabricants dégagent des marges trop faibles. D'où une délocalisation à tout va de la production.

1300 euros de plus pour produire en France

Ainsi, Renault a calculé qu'il lui en coûtera 1.300 euros de plus pour produire la future Clio IV à Flins, par rapport à Bursa (Turquie). Si l'ex régie était plus spécialisée dans le haut de gamme, elle n'aurait pas ce genre d'interrogation, qu'ignorent les dirigeants de BMW ou Mercedes.

Quant aux pays du Sud, dont ont connaît les difficultés, ils n'affichent pas un coût du travail aussi élevé. Il est particulièrement faible au Portugal (9,89 euros), ou en Grèce (15,77 euros de l'heure). Plutôt que le prix de la main d'oeuvre, ce sont des raisons géographiques, institutionnelles... qui expliquent les difficultés de ces pays, souligne Patrick Artus.