Wall Street envisage sans inquiétude une victoire de François Hollande

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  657  mots
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La place financière américaine reste sereine face à l'éventualité d'une victoire du socialiste François Hollande. Les analystes tablent cependant sur une tendance baissière des marchés entre les deux tours face à "l'incertitude" et aux inquiétudes sur l'avenir du pacte de stabilité budgétaire en zone euro.

Wall Street envisage sans état d'âme une éventuelle victoire du socialiste François Hollande à l'approche du scrutin présidentiel français, y voyant une source d'incertitude réelle mais mineure. La place financière américaine ne partage donc pas les prévisions de François Fillon. Le Premier ministre français a affirmé à deux reprises récemment que la France serait "la proie des marchés" en cas de succès de François Hollande, stigmatisant le "laxisme budgétaire" du programme socialiste.
Alors que "le consensus à Wall Street est que le président sortant Nicolas Sarkozy n'a plus vraiment de chances de l'emporter, au vu des sondages", selon Peter Cecchini, stratège de la maison de courtage Cantor Fitzgerald, rares sont les analystes anticipant un effondrement du marché en cas de victoire de François Hollande. Pour Peter Cecchini, qui confiait encore fin mars ses craintes qu'une victoire éventuelle de François Hollande "fasse trembler" les marchés, Wall Street a aujourd'hui moins peur du candidat socialiste, mais la grande inconnue reste l'impact de cette élection sur la situation économique et politique en zone euro.

Pas de signe tangible d'inquiétude

"Actuellement, Wall Street ne perçoit l'Europe qu'à travers le prisme de la crise de la dette souveraine", indique Chris Low, de FTN Financial. Et si François Hollande peut éventuellement éveiller des craintes, "c'est parce que la France est absolument essentielle à toute réforme budgétaire" en Europe et que tout changement à sa tête est une source d'instabilité potentielle, souligne-t-il.
L'intention affichée par le candidat socialiste de "renégocier le pacte de stabilité budgétaire européenne ou de faire jouer un rôle plus actif à la Banque centrale européenne (BCE) dans le but de soulager la crise dans la zone euro, tout cela fait peur, ce qui pourrait s'avérer négatif pour l'euro", fait valoir Ray Attrill, cambiste chez BNP Paribas Americas. "Mais la demande en bons du Trésor français est restée relativement forte ces deux derniers mois. Il n'existe donc pas vraiment de signe tangible sur le marché prouvant que les investisseurs" s'alarment de l'issue de l'élection française, ajoute-t-il.

Flottement à prévoir entre les deux tours

Au final, davantage que la perspective de l'élection d'un socialiste à la tête de la France, "Wall Street déteste l'incertitude", souligne Peter Cecchini. "Qu'on l'apprécie ou non, les gens savent qui est Nicolas Sarkozy, ses positions, ses opinions, et je pense qu'un personnage moins connu effraie". C'est pourquoi, selon Gregori Volokhine, stratège du cabinet de gestion Meeschaert New York, la relative indifférence de Wall Street à l'égard du scrutin risque de se dissiper à l'issue du premier tour, le 22 avril.
Une brève période de flottement entre les deux tours, au cours de laquelle les anxiétés sur l'avenir du pacte de stabilité budgétaire en zone euro pourraient revenir au premier plan, serait en effet susceptible d'avoir une influence baissière sur les places boursières et l'euro. L'attention va alors revenir sur "la situation politique en France car les marchés (...) qui n'ont aucune pitié en ce moment pour toute faiblesse au niveau économique (...) vont profiter de la période d'incertitude" qui prévaudra nécessairement entre les deux tours pour spéculer, explique M. Volokhine.

Une marge d'action limitée

Au-delà de ces réactions instantanées, peu de mouvements sont à attendre à plus long terme, selon les analystes, pour qui le nouveau candidat élu ne disposera de toute façon que d'une marge d'action limitée pour changer de cap. "Les discours prononcés pendant la campagne, perçus comme étant hostiles à l'euro, hostiles à l'austérité budgétaire, vont disparaître très rapidement après l'élection car les circonstances dicteront à la gauche jusqu'où elle peut aller, et cela risque de ne pas être très loin", observe David Gilmore, économiste chez Foreign Exchange Analytics.