La technocratie inquiète les médecins libéraux

Par Fabien Piliu  |   |  459  mots
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Le syndicat des médecins libéraux (SML) a interrogé les principaux candidats à l'élection présidentielle. Aucun d'entre eux n'aurait de vision claire et globale des questions de santé. Résultat, les médecins redoutent la prise de pouvoir des corps intermédiaires.

La charge est sévère. Après avoir reçu les réponses des principaux candidats à l?élection présidentielle aux questions qu'il leur a adressées, Christian Jeambrun, le président du syndicat des médecins libéraux (SML), ne mâche pas ses mots. « Aucun candidat n?a vraiment une idée claire et globale sur l?ensemble des questions que se posent les citoyens et les professionnels dans le domaine de la santé », constate-t-il. C'est pourtant l'un des sujets qui préoccupe le plus les Français. Est-ce de la prudence, compte tenu du caractère sensible de certains sujets, ou de la simple méconnaissance ?

Le docteur Jeambrun refuse de trancher. « Un peu des deux sans doute », admet-il. Mais force est de constater que certains candidats ont attendu les questions du SML pour découvrir ce qu?était le dispositif médecin retraite actif (MRA) qui pourrait être une solution permettant de lutter contre les déserts médicaux. C?est également le cas du développement professionnel continu (DPC). « Pourtant, c?est un sujet incontournable pour qui veut assurer dans le futur une qualité de sons optimale », s?emporte Christian Jeambrun.

Les corps intermédiaires peu appréciés...

« Compte tenu de cette prudence ou de cette méconnaissance, le prochain président de la République pourrait bien laisser les corps intermédiaires technocratiques continuer à gérer les questions de santé sans tenir compte de l?avis de l?ensemble des professionnels du secteur et des attentes de citoyens », poursuit-il, citant la direction générale de l'offre de soins (DGOS), la direction de la Sécurité sociale (DSS), les agences régionales de santé (ARS)...

« La médecine d?aujourd?hui pratiquée par des Bac +11 ne sera plus la même dans quinze ans. Si rien ne change, des techniciens mono tâches de niveau Bac +3 et bac +5 les auront remplacé. La médecine d?aujourd?hui, qui repose sur des principes humanistes, ne sera plus qu?une médecine de comptables. En conséquence, le système de santé français ne sera plus l?un des plus efficaces et des plus accessibles au monde », avance-t-il.

Une longue de souhaits

Pour défendre ses vues auprès des postulants à l?Elysée, le SML a donc (re)pris sa plume dès mercredi après-midi pour dresser sa longue liste de souhaits, parmi lesquels la tenue d?un Grenelle de la délégation de tâches, le paiement à la performance pour tous, l?abandon de la politique coercitive en matière d?informatisation, la sanctuarisation conventionnelle pendant cinq pour une assurance maladie stabilisée, l?allégement des charges sociales pour les praticiens aux chiffres d?affaires modestes?