Devenir une ETI ? Les dirigeants de PME disent non !

Par Fabien Piliu  |   |  551  mots
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Interrogés dans le cadre du baromètre LCL-La Tribune-Ipsos, six chefs d'entreprises sur dix ne souhaitent pas passer le cap des 250 salariés. En avril, leur moral gagne un point, mais il se situe 20 points en dessous du niveau observé en mai 2007.

Et si tout le monde se trompait ? Et si les gouvernements qui se sont succédés depuis 2007, ainsi que l?ensemble des candidats à l?Elysée, avaient fait et faisaient encore fausse route en érigeant le développement des PME en ETI au rang de priorité ultime ?

Interrogés dans le cadre du baromètre LCL La Tribune-Ipsos qui mesure la confiance des dirigeants de PME, six chefs d?entreprises sur dix n?ont pas du tout l?intention ou l?ambition de voir leur entreprise devenir une ETI. Ils sont 7% à s?interroger. Ils sont seulement 13% à l?envisager. « Le développement est pourtant naturel. A moins d?être totalement protégée de la concurrence sur une niche particulière, comment une entreprise peut-elle envisager l?avenir sans développement ? Sans croissance, comment peut-elle attirer de nouveaux talents ? », s?interroge Eric Hayat, le co-fondateur de la SSII Steria et président du groupement d?intérêt public pour la modernisation des déclarations sociales (GIP-MDS).

Les effets de seuil montrés du doigt

« Il faut dire que le développement est totalement bridé en France en raison de l?existence de nombreux seuils. Si le nombre d?effectifs, le chiffre d?affaires, les mètres carrés occupés dépassent certains seuils, les sanctions tombent. On devrait plutôt accorder une prime à un chef d?entreprise qui passe de 49 à 50 salariés », poursuit-il.

Comme beaucoup d?autres (éducation, logement, santé?), ce sujet, a été peu abordée pendant la campagne, même si Nicolas Sarkozy suggère de donner trois ans aux entreprises pour s?adapter lorsqu?elles passent de 49 à 50 salariés, contre un an actuellement,.

Collaborer avec un concurrent sur un projet innovant ou une initiative à l?export ne séduit guère plus les dirigeants de PME. S?ils sont 27% à y être favorables, 43% y sont fermement opposés. La construction d?ETI par agrégation de PME, que ce type de collaborations pourrait favoriser, ne serait donc qu?un v?u pieux.Comme l?est également tout espoir de reprise de l?activité?

Le chômage devrait rester élevé dans les prochains mois

Certes, le baromètre a gagné un point en avril pour atteindre les 100 points, sa moyenne de longue période. A titre de comparaison, il se situe 20 points en dessous du niveau observé en mai 2007.

En avril, ce très léger regain de confiance s?explique l?amélioration de la satisfaction des patrons vis-à-vis des facteurs interne à l?entreprise et au maintien de leur bonne perception de l?environnement. Les « efforts du gouvernement » sont même perçus en hausse de deux points. Mais la demande reste plate et les facteurs de production se dégradent.

C?est le cas en particulier des perspectives d?embauche. « Dans un contexte de ralentissement économique et de profitabilité détériorée, les entreprises sont incitées à réduire leurs effectifs. L?emploi, qui a déjà reculé de 0,1% au quatrième trimestre, devrait poursuivre sa baisse au premier trimestre, de 0,2%. La remontée des achats d?équipement tendrait en revanche à signaler une reprise graduelle bien que fragile de l?investissement des entreprises », anticipe Werner Perdrizet, économiste chez LCL qui, dans ce contexte, table sur un recul de l?activité de 0,1% au premier trimestre.