1er mai : "Demandez le programme ! "

Par latribune.fr  |   |  1115  mots
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A Paris, les partisans de François Hollande feront front commun avec les syndicats quand, dans le même temps, Nicolas Sarkozy organisera un rassemblement de la droite au Trocadéro. Marine Le Pen doit, elle, en profiter pour donner sa consigne de vote à ses électeurs.

En pleine campagne d'entre deux tours, la journée du 1er mai sera plus que jamais placée sous le signe de la récupération politique. Pour ne rien rater de cette fête du travail, voici le programme des défilés et rassemblements à Paris.

De Denfert-Rochereau à la Bastille pour les syndicats

Pour les 289 défilés prévus dans toute la France, l'intersyndicale CGT, CFDR, FSU, Unsa et solidaires appelle à une forte mobilisation. A Paris le cortège partira de la place Denfert-Rochereau à 15h pour rejoindre la Bastille. "Comme chaque année, le Parti socialiste se joindra aux défilés et rassemblements des organisations syndicales du 1er mai", a écrit le PS dans un communiqué avant d'ajouter: "Mot d'ordre en 2012: l'emploi, le pouvoir d'achat, la lutte contre précarité et le refus de la xénophobie, du racisme et de l'antisémitisme". La première secrétaire Martine Aubry fera partie du cortège aux côtés d'autres représentants socialistes. François Hollande n'y participera pas. Il sera mardi à Nevers pour commémorer la mort de Pierre Bérégovoy. Il a écrit une lettre aux leaders syndicaux en les assurant de son "attachement aux valeurs et aux principes" du 1er mai.

Jean-Luc Mélenchon ainsi que le secrétaire national du PCF Pierre Laurent et Marie-George Buffet "seront présents à Port Royal, à partir de 14h30 pour soutenir la manifestation syndicale du 1er mai", affirme le Front de gauche dans un communiqué. "Le Front de gauche défilera en fin de manifestation derrière les salariés et les syndicalistes", précise-t-il.

La "vraie fête du travail" au Trocadéro

Le président sortant Nicolas Sarkozy a appelé ses partisans à se rassembler place du Trocadéro à Paris, où il prononcera un discours à partir de 15h30. Lundi lors d'une réunion publique à Avignon, il a affirmé qu'il attendait "des dizaines de milliers de Français". A cette occasion, il a indiqué souhaiter promouvoir la fameuse "valeur travail" face à "l'assistanat" et, surtout, marquer le coup face aux "corps intermédiaires" qui, selon lui, paralysent le pays. Nicolas Sarkozy avait initialement annoncé une fête du "vrai travail" suscitant de vives critiques de la part de la gauche et des syndicats. Mal à l'aise avant la rectification de l'intéressé jeudi dernier en "vraie fête du travail", son propre camp a depuis salué l'organisation d'une contre-manifestation pour ne pas subir au "20 heures", la litanie de ceux qui veulent notre échec", dixit l'ancien ministre de l'intérieur Brice Hortefeux, cité par le quotidien "Le Monde". Lors de son discours, le candidat-président devrait également revenir sur le thème des frontières qu'il a développé lors de son meeting de dimanche à Toulouse. Ce lundi, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé a précisé qu'il participerait pour la première fois à la fête du travail qualifiée de "moment de rassemblement et d'unité autour de Nicolas Sarkozy".

Le Front National célèbre Jeanne d'Arc

De son côté, Marine Le Pen a choisi d'annoncer ses consignes de vote pour le second tour lors du désormais traditionnel défilé frontiste du 1er mai en l'honneur de Jeanne d'Arc - dont c'est le 600e anniversaire de naissance. Le cortège démarrera vers 10 heures en passant par la rue des Pyramides (statue de Jeanne d'Arc) avant de s'arrêter place de l'Opéra, où elle s'exprimera. Selon un sondage Ipsos publié ce lundi, 14% des électeurs de Marine Le Pen se reporteraient sur François Hollande, 54% sur Nicolas Sarkozy et 32% n'ont toujours pas exprimé d'intentions de vote.

Des 1er mai souvent très politiques

Le 1er mai, traditionnellement dévolu aux manifestations syndicales, prend une tournure plus politique cette année à cinq jour du deuxième tour de l'élection présidentielle. Depuis la décision de la deuxième Internationale socialiste en 1889 d'organiser à date fixe une manifestation des travailleurs, le 1er mai a déjà souvent pris une tournure très politique. Voici quelques précédents:

- 1936: démonstration de force à deux jours du deuxième tour des élections législatives qui consacreront la victoire du Front populaire.

- 1945: après la Libération, un million de personnes défilent à Paris.

- 1968: à l'aube du mai étudiant, le défilé est à nouveau autorisé à Paris après 14 ans d'interruption, les manifestations étaient alors interdites dans la capitale en raison de la guerre d'Algérie. La CGT réunit quelque 100.000 manifestants, certains y voient l'annonce de la grève générale et des défilés étudiants-salariés du 13 mai.

- 1981: entre les deux tours de l'élection présidentielle, les syndicats organisent chacun leur défilé alors que CFDT, FEN et CGT ont appelé à voter François Mitterrand. La CGT rassemble plusieurs dizaines de milliers de personnes à Paris (15.000 selon la police) et réclame "un vrai changement avec des ministres communistes".

- 1988: forte connotation anti-Front national (FN) des défilés syndicaux entre les deux tours de l'élection présidentielle. Le FN, qui a recueilli 14,4% au premier tour, avance au 1er mai sa commémoration de la fête de Jeanne d'Arc (en principe le 8 mai) qu'il célébrait depuis 1979 avec les royalistes et traditionalistes. Il rassemble 25 à 30.000 personnes à Paris et perpétue cette manifestation.

C'est à cette occasion que le 1er mai 1995, entre les deux tours de l'élection présidentielle, trois skinheads sortis du cortège FN poussent dans la Seine un Marocain de 29 ans, Brahim Bouarram, qui meurt noyé.

- 1997: pendant la campagne des législatives anticipées, le premier défilé intersyndical depuis 14 ans (23.000 personnes à Paris selon la police, 60.000 selon les organisateurs) fustige le racisme et l'extrême droite. Le FN réunit 8 à 22.000 personnes sous le slogan "Dissolution=magouille".

- 2002: après le premier tour de la présidentielle et le choc de la qualification du président du FN Jean-Marie Le Pen au deuxième tour, plus de 1,3 million de personnes défilent pour "faire barrage à l'extrême-droite".

- 2007: quelque 200.000 personnes défilent entre les deux tours de l'élection présidentielle, le double de l'année précédente, avec notamment des slogans conspuant le candidat UMP Nicolas Sarkozy pour qui "c'est pas les manifestants qui font le programme électoral des candidats". En soirée, son adversaire PS Ségolène Royal tient meeting au stade Charléty à Paris (60.000 personnes selon les organisateurs).

- 2009: face à la crise, défilé syndical unitaire historique rassemblant 1,2 million de personnes contre la politique gouvernementale. Le Parti socialiste participe au défilé à Paris pour la première fois depuis sept ans et le Nouveau Parti Anti-capitaliste (ex-Ligue communiste révolutionnaire, trotskyste) nouvellement créé est très présent.