Arnaud Montebourg en charge du redressement de l'industrie

Par Fabien Piliu  |   |  623  mots
Copyright Reuters
Après avoir porté le thème de la démondialisation et du made in France pendant les primaires socialistes, le député et président du conseil général de Saône-et-Loire devra faire face à un nombre important de défis.

Hérault de la démondialisation, du made in France et de la réindustrialisation pendant les primaires socialistes, Arnaud Montebourg fait son entrée à Bercy par la grande porte en prenant en charge le redressement productif. Il succède ainsi à Eric Besson dont l?action s?est essentiellement concentrée sur l?économie numérique. Une action jugée largement insuffisante dans les couloirs de Bercy, au regard des difficultés actuelles de l?industrie tricolore.

"L'euro allemand et la Chine", les maux de l'industrie

"Nous avons perdu 2 millions d'emplois industriels en vingt ans. Il y a deux moyens de répondre à ce défi. Le premier, c'est la monnaie. Nous avons un « euro allemand », beaucoup trop fort. Il faudrait qu'il soit un peu plus italien, espagnol... Le deuxième sujet, c'est la Chine. On a donné à tort à la Commission européenne les pouvoirs de négociation commerciale: lors de l'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce, elle n'a rien négocié du tout. La Chine est entrée dans l'OMC sans aucune contrepartie. La différence de salaire est telle, avec un système chinois proche de l'esclavagisme, que nous ne pouvons pas nous battre sur le terrain de la compétitivité. Je rappelle à ce sujet que les Allemands ont le même déficit que nous vis-à-vis de la Chine! Il faut donc créer une « région européenne », capable de se protéger des produits chinois par des barrières sanitaires, sociales et environnementales..", avait-t-il déclaré à La Tribune lors des primaires.

Relativement discret dans les médias pendant la campagne de François Hollande, le troisième homme des primaires socialistes, s?est en revanche démené sur le terrain, venant au chevet des entreprises en difficultés en tant que représentant de François Hollande. Le député socialiste, président du conseil général de Saône-et-Loire, est en effet venu soutenir les salariés des laboratoires Fournier, près de Dijon de l?entreprise textile Lejaby à Yssingeaux et de la pépinière Delbard à Malicorne (Allier).

"Le tour de France de la désolation"

"Je fais le tour de France de la désolation. Avec François Hollande, on a décidé de mettre les mains dans le cambouis des problématiques économiques. Sur chaque dossier, nous devons faire ce que nous avons fait pour Lejaby période électorale ou non. Notre stratégie est de trouver des projets durables", avait-il déclaré devant les salariés de Delbard.
Membre du parti socialiste depuis 1985, cet avocat qui soufflera cette année ses cinquante bougies fut brièvement le porte-parole de Ségolène Royal en 2007. Il présenta sa démission après avoir lancé une plaisanterie sur? François Hollande. « Ségolène Royal n'a qu'un seul défaut. C'est son compagnon. », avait-il déclaré sur le ton de la plaisanterie.

La conjoncture est mauvaise dans l'industrie

La tâche d?Arnaud Montebourg ne sera pas aisée tant l'industrie souffre actuellement. Eviter une multiplication des plans sociaux, empêcher les délocalisations vers les pays à bas coûts, redresser la compétitivité des entreprises en chute libre depuis le début des années 2000 feront partie de ses principales priorités au cours des prochains mois. Selon l?Insee, la production industrielle a reculé de 1,4% en mars sur un an. Quant au niveau de la production, il est inférieur de 9 points à celui observé en 2005. Enfin, le nombre des défaillances reste très élevé. Au premier trimestre, plus de 16.000 entreprises ont été placées en redressement, en liquidation judiciaires ou en procédure de sauvegarde, autant qu?au plus fort de la crise de 2008-2009.