Smic, vers un coup de pouce symbolique

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  482  mots
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Le ministre du Travail a laissé entendre que que si un coup de pouce au Smic était "légitime", il n'en serait pas moins très modéré. La question sera tranchée lors de la conférence sociale de juillet

Le gouvernement est ennuyé ! François Hollande avait fait d'un coup de pouce au salaire minimum interprofessionnel de croissance (Smic) l'une de ses promesses de campagne. Le Ministre du Travail, Michel Sapin, intervenant jeudi 24 mai sur Canal+, a confirmé cette intention mais en modérant tout de suite les appétits. Selon lui, 'il est   "légitime" de donner un coup de pouce au Smic, tout en prévenant qu'il n'était pas question "non plus de faire des sauts sur le Smic" pour ne pas handicaper les petites entreprises confrontées "à des carnets de commandes difficiles". Bref, une revalorisation du salaire minimum, oui, mais pas dans les grandes largeurs... 0,5% ? 1% ?

Un "coup de pouce" très modéré

La réponse interviendra lors de la Conférence sociale qui doit se tenir avant le 14 juillet à l'Elysée Car, comme l'a souligné Michel Sapin " il n'y a pas de bonne décision s'il n'y a pas de dialogue qui précède cette décision". En tout cas, une chose est certaine, la revendication de la CGT de porter le Smic mensuel à 1.700 euros bruts ne sera pas exaucée ni celle de FO qui demande 1.340 euros nets (actuellement le Smic est fixé à 9,22 euros bruts de l'heure et 1398,87 euros bruts par mois sur la base de 35 heures de travail par semaine, soit environ 1.100 euros nets). D'ailleurs, François Chérèque, le leader de la CFDT est venu appuyer le gouvernement en déclarant qu'à l'heure actuelle "1.700 euros est un objectif inatteignable (...) l'évolution du Smic doit aussi être liée à la croissance".

Un débat pollué par l'absence de croissance

Or, justement, les perspectives négatives de l'Insee en matière de croissance (progression nulle du PIB au premier trimestre et guère mieux au deuxième) viennent quelque peu aussi perturber les intentions du gouvernement. A l'origine, pour éviter la sempiternelle querelle sur l'opportunité d'accorder un  "coup de pouce" au Smic, François Hollande souhaitait indexer l'évolution du Smic sur celle de la croissance. Concrètement, actuellement, le Smic est revalorisé en début d'année en fonction de l'indice des prix et de la moitié de l'évolution du pouvoir d'achat du taux de salaire de base des ouvriers. Un paramètre supplémentaire devait donc être ajouté, tenant compte de la croissance. Or, François Hollande voulait inaugurer cette nouvelle donne, sous forme d'un "coup de pouce" égal à l'évolution du PIB dès juillet... Faute de croissance, c'est raté. C'est pour cette raison que Michel Sapin réfléchit au pourcentage d'augmentation qui sera accordé.

Autre paramètre non négligeable, alors qu'un vaste mouvement de hausse des rémunérations se profile en Allemagne, quitte à accepter une légère progression de l'inflation outre-Rhin, il peut être tentant pour la France de modérer sa politique salariale pour améliorer la compétitivité du "made in France"...