Bernard Thibault à l'heure du choix pour lui succéder à la tête de la CGT

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  694  mots
Bernard Thibault /Copyright Reuters
C'est ce vendredi 25 mai que le secrétaire général doit révéler le nom de la personnalité qu'il souhaite voir lui succéder à la tête de la CGT. Il pourrait s'agir d'Agnès Naton, responsable de l'organe de presse de la confédération. Or, une majorité de cadres de la CGT pourrait préférer Éric Aubin, le "monsieur retraites" de la centrale. En cas de désaccord, la CGT va se retrouver affaiblie. Notamment face au nouveau gouvernement.

Le feuilleton de la succession de Bernard Thibault à la tête de la CGT en mars 2013, au congrès de Toulouse, continue. C'est en effet ce vendredi 25 mai que l'actuel secrétaire général de la centrale va faire connaître son choix personnel sur l'identité de son successeur, lors d'une réunion de la commission exécutive (CE) de la CGT. Ensuite, ce choix sera soumis à l'approbation du Comité confédéral national (CCN), le "Parlement" de la confédération), réuni les 30 et 31 mai. Statutairement, c'est cette instance qui a le dernier mot et qui valide la candidature au poste de secrétaire général, même si celui-ci est formellement élu par le congrès. Mais on n' a jamais vu un congrès de la CGT déjuger un choix du CCN.  En quoi cette procédure revêt-elle cette année un caractère un peu exceptionnel ? Résumé des épisodes précédents.

Bernard Thibault voudrait voir une femme lui succéder

Bernard Thibault, qui occupe la fonction depuis 1999, avait annoncé en janvier dernier sa décision de ne pas briguer un nouveau mandat au Congrès de Toulouse. Sans en faire mystère et fort de l'appui d'une majorité des plus importantes fédérations de la centrale, Eric Aubin, 49 ans, secrétaire confédéral chargé des retraites et issu de la Fédération de la construction, a alors décidé de se mettre en situation pour le poste. Avec un avantage certain, il provient du secteur privé. Une première pour la CGT!

Problème, Bernard Thibault ne l'entend pas de cette oreille et décide de barrer la route au candidat, estimant que l'heure était venue d'élire une femme à la tête du principal syndicat français. "Ce choix serait important symboliquement et politiquement dans un pays où la moitié de la main-d'oeuvre est féminine, où les femmes subissent la discrimination professionnelle", réitérait-il début mai. Bernard Thibault songe à deux personnalités. La première, Nadine Prigent, 54 ans, ex-infirmière issue du secteur public, secrétaire confédérale. Jugée trop rigide, elle est loin de faire l'unanimité. La seconde, Agnès Naton, 50 ans, ex de France Telecom,également secrétaire confédérale,  et directrice de la Nouvelle vie ouvrière, l'organe de presse de la Confédération, apparaît plus consensuelle.

Il n'empêche, c'est le nom de Nadine Prigent que devait dévoiler Bernard Thibault le 17 avril devant la CE... Avant de renoncer devant l'hostilité manifeste des cadres de la centrale. Le secrétaire général a alors décidé de prendre son temps et de sonder la confédération. D'où le report de sa décision au 25 mai. Entre temps, Bernard Thibault s'est livré à un petit tour de France cégetiste, organisant plusieurs réunions pour expliquer sa préférence pour une femme. Absent de Paris, il n'était même pas présent à l'Elysée le 15 mai pour la passation des pouvoirs entre Nicolas Sarkozy et François Hollande.Ni pour les premieres rencontres  avec Arnaud Montebourg, minitre du redressement productif.

Un désaccord entre le secrétaire général et les cadres de la centrale affaiblirait la CGT face au gouvernement

Après ce temps de réflexion, Bernard Thibault va donc livrer son choix. Il pourrait s'agir de Agnès Naton... Le CCN va-t-il alors se soumettre ou bien maintenir sa préférence pour Eric Aubin ? Bernard Thibault serait alors désavoué. Ce qui ferait désordre alors que les syndicats sont appelés à jouer un nouveau rôle depuis l'élection de François Hollande, notamment avec l'organisation de la conférence sociale en juillet. Difficile pour une CGT divisée de faire pression sur le nouveau gouvernement, sur les salaires, les retraites, etc. En revanche, cela serait pain béni pour les autres centrales qui pourront davantage faire entendre leur voix. Un scénario noir qu'auront certainement à l'esprit les membres du CCN. C'est peut-être d'ailleurs sur ce réflexe légitimiste que compte Bernard Thibault pour imposer sa candidate...