Petits meurtres entre amis à la CGT

La succession de Bernard Thibault à la tête de la CGT, en mars 2013, vire au psychodrame. Le secrétaire général voudrait qu'une femme le remplace, a priori Nadine Prigent, alors que la principales fédérations soutiennent Éric Aubin, le "Monsieur retraite" de la centrale. Bernard Thibault fera connaître son choix définitif le 25 mai. Et ce alors que la CGT va traverser des mois difficiles quel que soit le prochain président de la République.
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"Ce qui se passe actuellement à la CGT pour préparer la succession de Bernard Thibault est désespérant et incompréhensible. Le problème est nettement plus personnel qu'idéologique". Ce bon connaisseur de la centrale Montreuil, trop proche de sa direction pour révéler son identité, résume bien les événements en cours qui pourraient servir de support à une bonne pièce de théâtre. Sans que l'on sache encore, à ce stade, s'il s'agirait de Feydeau ou de Shakespeare.

Eric Aubin candidat officieux à la sucession de Bernard Thibault

Acte I. En janvier, Bernard Thibault, élu en 1999, fait savoir qu'il ne se représentera pas au poste de secrétaire général de la CGT lors du prochain congrès (le 50è) en mars 2013 à Toulouse. Discrètement, Eric Aubin, 50 ans, secrétaire général de la fédération de la construction et, surtout, le négociateur reconnu de la CGT lors de la réforme des retraites en 2010, commence une "campagne" pour briguer la succession de Bernard Thibault. Il est très vite soutenu par les ténors des grosses fédérations (cheminot, chimie, énergie, etc.). Pour beaucoup, il a toutes les qualité requises : fin négociateur mais pugnace ; ouvert au dialogue avec les autres confédérations et, gros avantage, il vient du secteur privé. Bernard Thibault, qui veut rester au centre du jeu, ne l'entend pas de cette oreille. Il reproche à Eric Aubin de trop manifester d'intérêt pour le poste. Mais, au-delà de ça, pour des raisons connues par les seuls initiés, il y a une inimitié personnelle entre les deux hommes." Il n'y pas de désaccord de fond, au contraire, Aubin continuerait de faire évoluer tranquillement la centrale comme Bernard a su le faire", analyse notre connaisseur du dossier. Acte II. Pour contrer la montée en puissance d'Eric Aubin, l'actuel secrétaire général et son entourage se mettent dans la tête que l'heure est enfin venue qu'une femme dirige la CGT. Ils songe d'abord à Agnès Naton, la cinquantaine, directrice de la " Nouvelle vie Ouvrière" (la NVO), le magazine interne de la confédération.

Berrnard Thibault  préfère Nadine Prigent mais temporise

Soudainement, Bernard Thibault change d'avis et préfère maintenant "pousser" Nadine Prigent, 53 ans, patronne de la fédération de la santé, chargée des relations syndicales et de l'action revendicative au sein de la CGT. Jugée " rigide" par beaucoup, elle est contestée, y compris au sein de sa propre fédération. Acte III. Pour sonder les principaux cadres du syndicat, Bernard Thibault a demandé à la cinquantaine de membres de la commission exécutive (sorte de gouvernement de la CGT) d'émettre un avis sur la personne de son successeur. A l'issue de la réunion de la CE, mardi, Bernard Thibault, dans un souci d'apaisement, a préféré remettre au 25 mai l'annonce du choix de son successeur. 

Un risque de division interne

Epilogue. La tenue du Comité confédéral national (CCN, parlement de la centrale) les 30 et 31 mai prochains, sera nettement plus déterminante. Soit le CCN, légitimiste, suit l'avis de Bernard Thibault rendu le 25 mai ; soit, dans l'hypotèse où Bernard Thibault maintient sa préférence pur Nadine Prigent, il passe outre et se rallie à Eric Aubin. Dans ce cas de figure, les mois risquent d'être très longs, dans un climat de division, jusqu'au congrès de Toulouse. Et si Bernard Thibault décidait de peser de tout son poids, on pourrait même se retrouver avec deux candidats au poste de secrétaire général... Un première historique dans toute l'histoire de la CGT mais un scénario qui paraît peu plausible... A moins que, comme le supputent certains, finalement, Bernard Thibaut (qui n'a que 53 ans) décide de rempiler pour un cinquième mandat.

Des mois difficiles pour la CGT


Il n'en reste pas moins que tout cela fait brouillon alors que la centrale, qui a ouvertement pris position contre la réélection de Nicolas Sarkozy, va se retrouver en première ligne sur le terrain social après l'élection du nouveau président le 6 mai. Soit Nicolas Sarkozy est réélu, il va alors ouvertement s'en prendre à la CGT, très nettement visée à travers sa dénonciation des « corps intermédiaires ». L'Unité sera donc obligatoire. Soit François Hollande devient le prochain président, il en résultera alors la tenue, dès le début juillet, d'une grande conférence sociale où l'attitude de la CGT sera déterminante pour connaître le climat social qui va régner dans ce début de quinquennat.
 

Commentaires 2
à écrit le 18/04/2012 à 22:10
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Comme ses concurrents, la CGT ne défend que ses dirigeants au frais des salariés et des contribuables. Les intrigues de cour priment sur tout.

le 23/04/2012 à 22:49
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Violette vous me semblez désabusée, il n'y a pas que des dirigeants à la CGT, les militants et syndiqués qui sont au quotidien dans les ateliers, les usines, et autres lieux de travail n'en ont que faire du retour sur investissement de leur cotisatio...

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