La situation des PME s'est détériorée depuis dix ans

Par Fabien Piliu  |   |  555  mots
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La crise de 2008-2009 n'explique pas à elle seule la fragilité des entreprises de moins de 250 salariés. Malgré les initiatives des différents gouvernements depuis le début des années 2000, elles souffrent de multiples maux qui freinent leur développement et fragilisent leur avenir.

Dévoilés en avant-première jeudi lors de la conférence de presse présentant le menu du prochain millésime de Planète PME ? qui se tiendra porte Maillot à Paris le 28 juin -, les extraits d?une étude du cabinet KPMG sont bien peu rassurants. En effet, malgré les initiatives du gouvernement (réduction des délais de paiement, plan PME pendant la crise, suppression de l'imposition forfaitaire annuelle et de la taxe professionnelle, simplification administrative..), la plupart des indicateurs se sont dégradés depuis dix ans en particulier l?investissement et l?export. En 2005, 70% des dirigeants de PME déclaraient avoir réalisé un investissement. Ils n?étaient plus que 55% en 2011 en raison notamment d'une augmentation des difficultés d?accès au crédit. En 2009, 48% des dirigeants interrogés par KPMG déclaraient se restreindre dans leurs investissements ou leurs demandes auprès des banques. Ils étaient 27% en mars 2012 !

Les PME investissent peu

Résultat, les investissements réalisés par les PME ne représentent que 23,2% des investissements des entreprises, contre 37,6% pour les ETI et 39,2% pour les grands groupes. Dans le domaine de l?export, la situation n?est guère plus glorieuse. Si la France comptait 108.000 entreprises exportatrices en 2002, elles n?étaient plus que 95.000 en 2010. Soit une baisse de 13% sur la période. Entre 2000 et 2010, ce nombre a augmenté de plus de 5% en Italie pour atteindre 184.000 entreprises et de près de 18% pour s?élever à 364.000 en Allemagne?

Cette dégradation de la situation des TPE et des PME est d?autant plus dommageable que ce sont les PME qui ont le plus créée d?emplois sur la période. En 2010, plus de 5,9 millions de personnes travaillaient dans des TPE contre 5,6 en 2001. Ils étaient près de 8,7 millions à être salariés dans les PME, contre 8,3 millions en 2001. En revanche, l?emploi dans les ETI et les grands groupes est resté stable, ou presque, une dizaine de milliers d?emplois ayant été créés dans ces entreprises qui employaient 1,76 million de personnes en 2010.

Heureusement, tout n'est pas noir

Quelques points positifs ressortent néanmoins de cette étude. Les PME ont décidé d?unir leurs forces pour pouvoir affronter la concurrence et accélérer leur développement.Si 16% des PME appartenaient à un petit groupement en 1997, elles étaient 38% en 2011. "Les acquisistions externes permettent d'augmenter très rapidement les compétences humaines, techniques et commerciales d'une entreprise", rappele Jacky Lintignat, le directeur général de KPMG France. Par ailleurs, ces entreprises innovent de plus en plus. Les demandes de brevets par les PME ont bondi de 18% en 2008 et 2011 « Enfin, en témoigne le succès du régime social de l?auto entrepreneur, la fibre entrepreneuriale est exceptionnellement forte en France en comparaison de celle observée dans les autres pays européens. Cette effervescence est indéniablement porteuse d?avenir », estime Jacky Lintignat.

En attendant que l?horizon se dégage, à court terme, les perspectives des TPE et des PME sont plutôt floues. « On ne peut pas dire que la situation actuelle est catastrophique. Elle est en revanche très floue. Les chefs d?entreprises souffrent d?un problème sérieux de lisibilité sur leurs carnets de commandes et sur l?environnement fiscale et réglementaire », constate Jean-François Roubaud, le président de la CGPME.