Bientôt un ministère du Tourisme ?

Par Fabien Piliu  |   |  599  mots
Copyright Reuters
Selon nos informations, le gouvernement serait favorable à la création d'un ministère à part entière pour un secteur qui emploie deux millions de personnes, représente plus de 9% du PIB, et subit la concurrence redoutable de l'Espagne

Il n? y a pas de numerus clausus. A l?issue des élections législatives, qui seront organisées les 10 et 17 juin, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre devrait procéder à quelques retouches au sein du gouvernement pour combler quelques vides. Selon nos informations, un ministère délégué au Tourisme devrait voir le jour. Lors du quinquennat précédent, ce secteur était sous la tutelle du secrétariat d?Etat chargé du Commerce, de l?Artisanat, des Petites et Moyennes, des Services, des Professions Libérales et de la Consommation. En clair, sans juger de l?action du ministre en poste, Frédéric Lefebvre, le tourisme était totalement noyé parmi une multitude de secteurs.

Première destination mondiale

Pourtant, la France étant restée en 2011, la première destination touristique mondiale, avec 77,1 millions de visiteurs accueillis, le tourisme fait partie des rares secteurs économiques qui peuvent encore se targuer d?afficher un certain dynamisme, Selon la Direction générale de la Compétitivité, de l?Industrie et des Services (DGCIS), il représentait 7,1% du PIB et 9,1% si l?on inclut les retombées indirectes en 2011. En outre, les 235.000 entreprises du secteur emploient 1 million de personnes. Ce nombre double si l?on prend en compte les emplois indirects.

Toutefois, l'éventuel prochain ministre n?aura pas forcément la partie facile. Certes, le tourisme est encore une poule aux oeufs d?or. Mais la concurrence est rude. La France se place au troisième rang en termes de recettes, derrière les Etats-Unis et l'Espagne. Selon les dernières estimations de l'organisation mondiale du tourisme (OMT), les recettes du tourisme mondial se sont élevées à 852,2 milliards de dollars en 2009. Avec 49,4 milliards de dollars affichés cette année là, la France est devancée par les États-Unis (93,9 milliards) et l'Espagne (53,2 milliards).
 

Un rapport pointe les dysfonctionnements du secteur

Publié le 13 octobre, un rapport réalisé par les parlementaires UMP André Ferrand (Français de l'étranger), et Michel Bécot (Deux-Sèvres), qui plaidaient d pour la création d?un ministère plein du Tourisme chargé du pilotage interministériel des projets stratégiques, pointe l'insuffisance des ressources allouées à Atout France, l'agence de développement touristique chargée depuis 2009 du développement et de la promotion de la "destination France". Ses ressources financières publiques et privées s?élèvent à 80 millions d'euros, très loin de celles d?Exceltur, la structure en place en Espagne (200 millions d'euros). Le rapport sénatorial regrette également la multiplicité des intervenants institutionnels dans le secteur, ce qui entraîne une dispersion des moyens publics, soit 1,2 milliard d'euros par an, dont 513 millions d'euros répartis entre les offices de tourisme et syndicats d'initiative, 193 millions d'euros dévolus aux comités départementaux du tourisme et 140 millions d'euros aux comités régionaux du tourisme.
 

Mieux orienter les ressources

Dans ce contexte, André Ferrand et Michel Bécot formulent une série de propositions, en particulier "mieux orienter les ressources" en renforçant les synergies autour des moyens existants et en redéfinissant "les compétences de chaque niveau de collectivité". Ils proposent aussi de relancer "la dynamique de contractualisation Etats-régions", et d?élargir l'assiette de la taxe de séjour au bénéfice des collectivités locales tout en explorant la piste de la création d'une part additionnelle de cette taxe dédiée à la promotion du label "destination France". Ils préconisent également de poursuivre l'intégration du réseau international d'Atout France au réseau des ambassades et agences françaises à l'étranger.