Retraite : "Une concertation sans chiffrage précis"

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  415  mots
Pierre Burban, à gauche sur la photo, ici avec Jean Lardin, président de l'UPA, copyright AFP
Pierre Burban, vice-président (au nom de l'Union Professionnelle Artisanale) de la Caisse nationale d'assurance vieillesse(Cnav), s'interroge sur le coût réel du décret retraite à 60 ans examiné en Conseil des ministres. Il aurait souhaité des chiffrages précis durant la phase de concertation.

Quel regard global portez-vous sur le décret retraite à 60 ans ?


- Que ce soit avec ma casquette UPA ou celle Cnav, je suis respectueux des élections qui ont donné un président de la République. Il est légitime que celui-ci mette en ?uvre ses engagements. Pour autant, compte tenu de la situation de déficit de la branche retraite, le gouvernement aurait dû s'en tenir stricto sensu à l'intégration des personnes ayant commencé à travailler à 18 et 19 ans dans le dispositif "carrières longues" et  ne pas modifier les paramètres en validant deux trimestres pour les chômeurs et les congés maternité. Pourquoi ? Car le gouvernement s'est engagé, lors de la grande conférence sociale qui aura lieu les 9 et 10 juillet, à aborder la thématique des retraites. La question du chômage et des congés maternité aurait alors pu être examinée dans le cadre global des équilibres généraux des systèmes de retraite.

Quelle est votre appréciation sur le coût de la réforme tel qu'il est présenté par le gouvernement ?


- J'ai un problème sur le calcul. Il faudra que les ordinateurs de la Cnav moulinent ! Quand va intervenir la première augmentation des cotisations ? Au 1er novembre 2012, date d'application du décret ? Ou seulement au 1er janvier 2013 ? Dans une démocratie mature, on fait des chiffrages et des hypothèses, puis, bien sûr, le gouvernement décide. Là, la concertation s'est faite sans chiffrages précis. Je n'ai donc pas d'éléments financiers suffisants pour considérer que l'on a compté assez large pour financer la mesure. D'autant plus que les nouvelles modalités de ce décret vont également s'appliquer à compter du 1er novembre aux personnes qui peuvent déjà bénéficier du dispositif "carrières longues",c'est-à-dire celles qui ont commencé à travailler avant 18 ans.

Plus généralement, que préconisez-vous en matière de financement de la protection sociale ?


- J'ai été pendant 10 ans à la tête de l'Acoss [Agence centrale des organismes de sécurité sociale, qui est un peu la "banque" de la "Sécu"]. Or, je m'inquiétais davantage chaque jour en constatant que l' on se finançait de plus en plus sur les marchés financiers, surtout à court terme d'ailleurs. Au regard, de toutes les tensions qui pèsent sur ces marchés financiers, on ne peut plus continuer comme ça. Il faut donc revoir le financement de la protection sociale.