Affaire Trierweiler-Royal : un drame de la jalousie terriblement normal

Par Sophie Péters  |   |  969  mots
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« Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé ». Avec ce tweet apportant un soutien implicite à l'adversaire de Ségolène Royal au second tour des législatives, Valérie Trierweiler a déclenché mardi matin une véritable tempête. Étrange sentiment de déjà vu. L'ombre de son prédécesseur plane désormais sur le président fraîchement élu. Aux prises avec la jalousie de sa compagne, François Hollande se retrouve entraîné dans un trio infernal avec la mère de ses enfants. L'Elysée, désormais nouveau théâtre des crises conjugales au sommet de l'Etat ?

La volonté d?apparaître comme un candidat normal a ce matin dépassé les espérances de François Hollande. Non content d?être un homme politique « normal » il est aussi à présent un compagnon « normal » avec des problèmes de couple « normaux ». En 140 signes, sa compagne a réduit le prestige du couple présidentiel à une banale histoire d?amour et de jalousie. Jalousie qui a pris la forme d?une bombe lâchée par la première dame de France à 10h40 au beau milieu de la communauté des twittos : « Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé ».

Scène de ménage à l'Elysée ?

La situation était déjà tendue dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime où s'affronteront dimanche 17 juin, au second tour des législatives dans un duel fratricide, Ségolène Royal, candidate investie par le PS, et Olivier Falorni, candidat dissident du même parti socialiste. Dans la profession de foi de Ségolène Royal figure en bonne place le soutien donné par François Hollande hier, à l?issue du premier tour : « Dans cette circonscription de Charente-Maritime, Ségolène Royal est l'unique candidate de la majorité présidentielle qui peut se prévaloir de mon soutien et de mon appui ». Soutien qui a dû déclencher les foudres de sa compagne, faisant basculer la République dans une crise inédite, plus conjugale que gouvernementale. Est-ce une scène de ménage qui est à l?origine ce matin du tweet de Valérie Trierweiler ? La réponse de la bergère en colère à son berger jugé trop complaisant avec son ancienne favorite ?

Névrose de jalousie

Cinq ans après la rupture entre François Hollande et l'actuelle candidate socialiste à la Rochelle, celle-ci apparait donc encore comme un véritable problème pour Valérie Trierweiler. Une rivalité qui a tendu les rapports politiques pendant la campagne entre les membres du PS et qui risque fort d?empoisonner la vie de l?Elysée durant le quinquennat. « Ce qui concerne Ségolène sort du domaine du rationnel » confie un proche du couple présidentiel à l?Express. « Il est quasiment impossible d?aborder ce sujet devant elle, même sous un angle uniquement politique. C?est plus fort qu?elle ».

Les amis journalistes de Valérie Trierweiler savent bien que la simple évocation du nom de Ségolène Royal la met hors d?elle. Le Canard enchaîné du 9 mai, relatait un texto rageur de la nouvelle première dame à une journaliste de Paris Match qui avait écrit que Thomas était le fils aîné du "couple Royal-Hollande" : "De l'ex-couple Royal-Hollande ! A quoi joues-tu ?" Au soir de la victoire de François Hollande, alors qu?il salue la foule à la Bastille entouré de toute l?équipe du PS, et qu'il sort du rang pour embrasser la mère de ses enfants, sa compagne actuelle lui plaque, sitôt qu'il l'a rejoint, un baiser sur les lèvres. Histoire de montrer à la France entière qu?il faudra désormais compter avec elle. Et seulement avec elle. Nouvelle preuve pas plus tard que dimanche dernier à Tulle, chef-lieu de la Corrèze. La femme du président a repoussé vivement une fan qui tentait d'embrasser le nouveau locataire de l'Elysée. D'où cette inévitable question : Valérie Trierweiler en femme « normale » ne serait-elle pas victime de sa névrose de jalousie ?

Hollande pris au piège du trio amoureux

Alors que François Hollande s?évertue à trancher avec le règne Sarkozy qui, trop souvent s'est résumé au roman-feuilleton à l'eau de rose des aventures de Nicolas, Cécilia, et Carla, le voilà lui aussi entraîné dans un vaudeville sentimental. Un remake qui n?a rien à envier à son prédécesseur. Voilà qui fait un peu désordre pour un « président sans histoire ». François Hollande serait-il rattrapé par ce qu?il tente de fuir absolument ? Lui qui a une sainte horreur du conflit et de la trivialité, se retrouve otage des émotions de sa compagne. Une compagne dont le métier de journaliste lui offre une « couverture » idéale pour lâcher sa haine au grand jour.

Saura-t-il contenir la jalousie maladive qui s?est emparée de sa compagne ?

De son côté Ségolène Royal, plus royale que reine, affiche dans cette affaire une sérénité qu'on ne lui connaissait pas. Incontestablement, elle marque des points. Si elle a avoué pudiquement son regret de ne pas avoir été conviée à la cérémonie d?investiture, du fait de la vengeance interminable de sa rivale, elle ne s?est pas abandonnée à plus d?atermoiements. Elle a ainsi montré qu?elle connaît l?aversion du père de ses enfants pour le conflit et a acquis ainsi le respect de ce dernier. Mieux : elle se pose en femme de métier, celui de la politique, quand la femme du président en titre cherche à faire valoir son identité de journaliste.
François Hollande saura-t-il contenir la jalousie maladive qui s?est emparée de sa compagne ? Scénariste de talent, le jaloux maladif ne se fie qu?à ce qu?il interprète et se vit en instance de trahison permanente. Le raisonnement n?a que peu de prises sur cette forme de paranoïa. Et quand on sait qu?un paranoïaque n?a jamais tort et sait argumenter en toutes circonstances, et qu?aucun conjoint n?a les moyens d?aider le jaloux à sortir seul de son schéma, il ne suffira pas à François Hollande de prêter des serments éternels à sa belle pour calmer son inaltérable courroux.