Nucléaire : du rififi dans la majorité après les propos d'Arnaud Montebourg

Par Romain Renier  |   |  560  mots
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Arnaud Montebourg a considéré dimanche que le nucléaire restait une solution d'avenir. Chez Europe Ecologie-Les Verts, les réactions sont nuancées. Officiellement, on veut y voir des propos isolés. Mais Denis Baupin, vice-président de l'Assemblée nationale, n'a pas manqué de juger la position du ministre du Redressement productif comme étant "en décalage total avec la réalité".

Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, a provoqué dimanche la réaction des écologistes sur l'épineuse question du nucléaire. A l'antenne sur BFMTV, le ministre du Redressement productif a considéré que "le nucléaire est une filière d'avenir".

La fin de l'accord EELV PS de novembre 2011?

Une déclaration en complet désaccord avec le pacte signé dans la douleur avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en novembre 2011 par le Parti socialiste. A l'origine d'un psychodrame, cet accord de compromis prévoyait d'arrêter 24 des 58 réacteurs en France et de faire passer la part du nucléaire dans la production électrique française de 75% à 50% d'ici à 2025. Insatisfaisant pour les deux partis, cet accord avait finalement été entériné devant l'urgence politique de former une majorité face à l'UMP en vue des élections législatives. Ce qui a permi à EELV de compter un ministre dans le gouvernement Ayrault en la personne de Cécile Duflot, la ministre de l'Egalité des territoires et du Logement. Seulement depuis, les législatives ont eu lieu, et le Parti socialiste, doté de la majorité absolue à l'Assemblée nationale a les mains libres. Laissant le loisir à Arnaud Montebourg de balayer un accord qu'il juge irréaliste : "Avec une augmentation continue de la consommation des ménages et industrielle, même en maintenant notre parc de centrales actuel", la question est de savoir "si nous allons continuer à investir". Pour Noël Mamère, d'EELV qui s'exprimait lundi matin, "s'il n'y a pas d'explication et s'il n'y a pas de remise en cause des déclarations d'Arnaud Montebourg, nous serons en droit, nous, écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous avons passés dans cette majorité".

Réactions diverses à EELV

Contrairement à Noël Mamère, la position officielle du parti écologiste juge les propos d'Arnaud Montebourg "isolés" et on considère que cela n'a que peu d'importance, le ministre étant connu depuis lontemps comme un pro-nucléaire, selon Jean-Philippe Magnen, porte-parole du parti. Mais le porteur de la parole officielle n'a pas non plus manqué de rappeler que le président de la République avait pris un certain nombre d'engagements visant à réduire la part du nucléaire dans la production d'énergie du pays. Et ce langage nuancé n'a pas suffi à Noël Mamère, pour qui il s'agit d'une "provocation". "C'est très inquiétant de voir ces déclarations de quelqu'un qui n'est pas isolé, qui est un membre important du gouvernement, qui est le ministre de l'Industrie et qui a la responsabilité de tout ce qui concerne le secteur de l'énergie" s'est inquiété l'ancien candidat écologiste à la présidentielle. Denis Baupin (EELV), le vice-président de l'Assemblée nationale écologiste, juge quant à lui cette "profession de foi en décalage total avec la réalité. Partout dans le monde, au contraire, le nucléaire est en déclin", écrit dans un communiqué le député de Paris, avant d'énumérer les pays que cela concerne : "Abandon en Allemagne, en Belgique, en Italie, abandon de fait au Japon, remise en question des programmes de construction en Chine, aux Etats-Unis". Pour le député de Paris, "le redressement productif ne passe pas par l'acharnement thérapeutique sur des technologies dépassées" et le seul avenir du nucléaire est le "démantèlement".