Pourquoi le PS et les Verts ne peuvent pas divorcer

Par Ivan Best  |   |  557  mots
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Les déclarations d'Arnaud Montebourg envisageant d'investir dans le nucléaire ont provoqué de vives réactions des élus Verts. Certains menacent d'une rupture avec le PS. Celle-ci est plus qu'improbable, compte tenu des intérêts communs...

Va-t-on vers un clash entre les Verts et le PS? A entendre le député Europe Ecologie les Verts (EELV), Noël Mamère, c'est plus que probable. Après les déclarations du ministre Arnaud Montebourg, se demandant s'il ne faut pas «continuer à investir» dans le nucléaire, l'ex-journaliste télé s'est emporté. « S'il n'y a pas d'explication et s'il n'y a pas de remise en cause des déclarations d'Arnaud Montebourg, nous serons en droit, nous, écologistes, de nous interroger sur la validité des accords que nous avons passés dans cette majorité» a-t-il déclaré. De fait, la sortie progressive du nucléaire est inscrite noir sur blanc dans l'accord électoral signé à l'automne entre le PS et les Verts. Il s'agit, on le sait, de ramener la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% en 2025. Il semble bien que les propos d'Arnaud Montebourg, appuyés par le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, amorcent la remise en cause de cet engagement. Revirement qui pourrait être formalisé à l'automne, dans le cadre du débat programmé sur l'énergie.
Après tout, le PS peut se permettre un conflit avec les Verts : il a les coudées franches, puisqu'il est majoritaire à lui seul à l'Assemblée nationale (avec un groupe de 297 députés socialistes et apparentés). Noël Mamère annoncerait donc le divorce, après quelques mois seulement de mariage, entre écologistes et socialistes.

Un mariage d'intérêt...
Sauf que cette séparation est plus qu'improbable. Tout simplement, parce que personne, parmi les dirigeants tant socialistes que Verts, n'y a intérêt. Les Verts ont beaucoup à perdre, à jouer le jeu de la rupture. C'est grâce à un accord électoralement avantageux, le PS ayant accepté des concessions importantes, qu'ils ont obtenu 17 députés (ils disposent en outre de 12 sénateurs). « Jouer cavalier seul ne mène à rien » souligne un élu EELV, qui prend l'exemple de la déconfiture du PC, et pense très fort aux prochaines municipales, en 2014. Sans parler des postes de ministres (Cécile Duflot et Pascal Canfin).
S'agissant des socialistes, alors que Jean-Luc Mélenchon et l'ensemble du Front de gauche choisissent l'option critique et sortent clairement de la majorité, il est difficilement envisageable de se passer totalement des Verts.

L'UMP ne fera pas de cadeau
C'est vrai à court terme : pour faire approuver la loi organique d'adoption du Traité européen dit TSCG, le fameux traité dont François Hollande disait qu'il allait obtenir la renégociation, l'exécutif pourrait avoir besoin des voix des élus Verts à la mi-octobre. Si l'UMP décide de voter contre ce texte, estimant qu'une inscription dans la constitution est nécessaire (on voit mal pourquoi l'opposition ferait un quelconque cadeau au gouvernement), il sera très difficile, notamment au Sénat, d'obtenir la majorité absolue sans l'approbation des Verts.
A plus long terme, François Hollande envisage mal une double opposition sur sa gauche, émanant des amis de Jean-Luc Mélenchon et des Verts.
Voilà pourquoi les dirigeants EELV ont minimisé les propos du tandem Montebourg-Valls, soulignant qu'il s'agissait là de propos isolés. Reste à savoir quelle idée ce duo avait derrière la tête, en se livrant à cette provocation...
Arnaud Montebourg s'est fortement inspiré du discours du patron d'Areva, Luc Oursel, qu'il a rencontré jeudi dernier...