Coût du travail : une hausse de la CSG attaquée de toutes parts

Par latribune.fr  |   |  819  mots
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L'éventualité d'une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) pour permettre d'alléger les charges patronales et améliorer la compétitivité a été vivement critiquée par l'opposition qui défend la proposition de hausse de la TVA prônée avant l'élection présidentielle par Nicolas Sarkozy. De leur côté, les représentants de la CGT et de la CFDT craignent pour le pouvoir d'achat des Français.

Najat Vallaud-Belkacem veut rassurer en affirmant que tous les scénarios sont "sur la table" concernant la baisse du coût du travail. C'est que les critiques fusent, depuis mercredi sur un éventuel projet de hausse de la contribution sociale généralisée. Selon le Monde daté du 4 octobre, le gouvernement plancherait sur une réforme pour la compétitivité qui consisterait à alléger les charges patronales à hauteur de 40 milliards d'euros d'ici cinq ans. Pour y parvenir, il s'agirait, à compter de 2014, de basculer progressivement sur la contribution sociale généralisée (CSG) les 5,4 points de cotisations "famille". Seuls les salaires compris entre 1,6 et 2,2 Smic seraient concernés. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, avait pourtant exclu, du moins à court terme, une hausse de la CSG. Interrogée sur France Info, la porte-parole du gouvernement, a expliqué qu' "aucun arbitrage n'est rendu". Cet éventuel projet a déjà fait réagir dans la classe politique et parmi les responsables syndicaux.

? François Chérèque : "40 milliards, ça me semble très difficile (...) Cela toucherait le pouvoir d'achat. C'est trop élevé"

Le secrétaire général de la CFDT s'est montré relativement réticent concernant un tel allègement de charge et ses modalités évoquées par Le Monde. "Il peut y avoir dans certains secteurs un problème de coût de travail et nous sommes prêts, nous, à y travailler à condition qu'on maintienne le pouvoir d'achat des salariés (...) On peut toucher à la CSG, en baissant une partie des charges sociales, parce que la CSG fait payer les revenus du capital et du patrimoine et touche moins les salaires", a-t-il reconnu lors d'une interview sur Canal+ ce jeudi. Toutefois " 40 milliards, ça me semble très difficile (...) Cela toucherait le pouvoir d'achat. C'est trop élevé", a-t-il estimé.

Le responsable syndical s'est en outre inquiété pour les retraités: "d'autant plus, a-t-il ajouté, que le transfert sur la CSG pose le problème du financement par les retraités. Est-ce qu'on fait payer plus les retraités?", a-t-il demandé. Il a sous-entendu que les informations qui ont filtré dans la presse peuvent avoir pour but de servir de test pour le gouvernement. "Parfois on envoie des sondes pour voir la réaction", a-t-il souligné.

? Bernard Thibault : "Un transfert des cotisations patronales sur la CSG reviendrait à faire payer la différence aux contribuables et en l?occurrence aux salariés, puisque 80 % des ressources de la CSG proviennent des salaires. C?est inacceptable."

Pour le secrétaire général de la CGT, l'éventualité d'augmenter la CSG pour alléger les charges patronales est "inacceptable", comme il en a fait état dans un entretien au Républicain Lorrain publié ce jeudi. Il a défendu un "mécanisme de financement de la Protection sociale à partir des richesses produites dans l?entreprise date de la Libération." "Nos aînés ont considéré qu?il constituait alors un moyen de relever le pays. On ne va pas venir nous expliquer qu?à cause de la crise, ça n?est plus possible", s'est-il insurgé.  Bernard Thibault réfute en outre l'idée selon laquelle le coût du travail serait un facteur du chômage en France. Il craint que "des décisions" n'aient déjà "été prises" alors que des discussions doivent avoir lieu.

? NKM: "la TVA répartissait autrement les choses"

Interrogée par la presse à l'Assemblée nationale mercredi, la députée de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet, a défendu le choix pour lequel avait opté l'ancien chef de l'Etat. "Accepter l'idée qu'il faut transférer une partie des charges du travail vers une autre assiette fiscale, et choisir de le faire, pour ne pas faire comme Nicolas Sarkozy, non sur la TVA mais sur la CSG, c'est faire supporter l'ensemble de la charge par les Français alors que la TVA répartissait autrement les choses", a-t-elle affirmé.

? Valérie Pécresse : "Augmenter la CSG pour baisser les charges sur les salaires, c'est beaucoup plus injuste et beaucoup moins efficace qu'une augmentation de la TVA "

Elle aussi interviewé en marge des débats de l'Assemblée nationale mercredi, la députée des Yvelines a par ailleurs estimé que ce sera une baisse de pouvoir d'achat immédiate, et cela pèsera encore sur ceux qui travaillent".

? Eric Woerth: "Nous, on préfère le faire sur la TVA parce que c'est plus juste. La CSG, elle, touche la feuille de paie des Français !"

L'ancien ministre UMP du Budget estime en outre que la hausse de la CSG serait un choix purement partisan. "Si jamais le gouvernement privilégiait la piste de la CSG, c'est tout simplement parce que M. Sarkozy avait choisi la TVA. Si M. Sarkozy avait choisi la CSG, M. Hollande aurait choisi la TVA. On est un peu dans un débat de cour de récréation", a-t-il lancé.