Quand la ville du Premier ministre lance une monnaie alternative à l'euro

Par Marina Torre  |   |  548  mots
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Nantes détaille ce mercredi son projet de monnaie alternative censée fluidifier les échanges locaux et qui doit être lancée en juin prochain. Un projet inspiré d'une monnaie suisse et qui existe déjà sous des formes variées en France.

Nantes veut créer sa propre monnaie. A-t-elle pour but de rivaliser avec l'euro ? Pas vraiment, elle est plutôt complémentaire et viserait en fait à " l'aider à jouer son rôle de carburant de l'économie", assure dans 20 minutes le socialiste Pascal Bolo, vice-président de la communauté d'agglomérations Nantes métropole chargé des Finances qui doit détailler le projet ce mercredi au Centre de communication de l'Ouest.

"Fluidifier les échanges"

La commune, dont l'actuel Premier ministre Jean-Marc Ayrault a été maire jusqu'en juin dernier, compte lancer ce système de paiement alternatif en juin 2013. L'objectif ? Faciliter les échanges en "fluidifiant" le système. Et inciter les acteurs locaux, ainsi encouragés à devenir des partenaires commerciaux, à dynamiser l'économie de la région. Pas de billet, ni de chèques pour l'échanger mais des comptes attribuées aux entreprises mais aussi aux particuliers de la ville et gérés par le Crédit municipal nantais. Pour faire partie du réseau, il faudra s'acquitter d'une adhésion, en euros, qui doit alimenter un fonds de garantie. L'une des éventualités serait d'établir des échanges en circuit fermé, sans possibilité de convertir cette nouvelle unité monétaire en euros.

Une monnaie qui se déprécie avec le temps

Ensuite, les échanges pourront être réalisés par virement. Un système de "paiement sans contact" par téléphone ou lecteur est à l'étude. Et la monnaie se déprécierait avec le temps, afin d'inciter à sa circulation.

Tous les types d'achats ne seraient pas concernés et la taxe sur la valeur ajoutée, devra être réglée en euros. Pascal Bolo explique avoir discuté de la possibilité de payer en partie les fonctionnaires de la mairie dans cette monnaie. Une éventualité qui se heurte à des obstacles légaux puisque la comptabilité publique impose de réaliser toutes les opérations en euros.

Inspiration suisse, instigateur italien

Le principe de cette monnaie "complémentaire" s'inspire du "wir" suisse, moyen d'échange parallèle créé pendant la crise des années 1930 et utilisée par des PME hélvétiques pour payer fournisseurs, charges ou investissements. A Nantes, le projet a été initié notamment par Massimo Amato, économiste italien qui enseigne à l'université Bocconi de Milan. "On pourrait imaginer capter 15 à 20% des échanges réalisés sur Nantes", expliquait-il dans rapport publié en février pour l'institut Kervegan,un think tank nantais.

Des précédents français

Des monnaies locales existent déjà en France, sous des formes différentes. En Bretagne, par exemple, l'Héol circule à Brest. Sa particularité : elle aussi se déprécie avec le temps. Tous les deux mois, les utilisateurs doivent faire tamponner leurs billets dans un comptoir d'échange moyennant 2% de sa valeur faciale. Ailleurs, Toulouse, Lille, Rennes et d'autres communes expérimentent le "Sol", une autre forme de monnaie locale soutenue par le projet européen "equal", initiée par l'Union européenne. 

Quel nom pour le "nanto"?

Pour promouvoir ce nouveau mode de paiement virtuel, la communauté d'agglomération compte lancer un concours auprès des écoles de commerce et de communication pour lui trouver un nom. Pour l'instant, elle est surnommée le "nanto". Un site internet, https://unemonnaiepournantes.fr/, doit être lancé prochainement.