A quoi ressemblent les nouveaux entrepreneurs ?

Par Fabien Piliu  |   |  507  mots
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Selon une étude réalisée par le cabinet Ernst & Young, les entrepreneurs d'aujourd'hui ne sont pas vraiment les mêmes qu'il y a vingt ans. Progressivement, les héritiers laissent la place aux ingénieurs et aux élèves des écoles de commerce.

Aux côtés des chefs d?entreprises baby-boomers, de nouveaux entrepreneurs trouvent progressivement leur place dans le monde de l?entreprise. Selon une étude réalisée par le cabinet Ernst & Young intitulée «Vingt ans de succès entrepreneurial en France», près de la moitié des entrepreneurs sont diplômés de grandes écoles, contre un tiers en 2003. La part des ingénieurs a également progressé, passant de 14% à 23% sur la période. «Pour intégrer les chaires entrepreneuriales de certaines écoles de commerce, il faut désormais passer des tests de sélection. Elles avaient du mal à recruter des étudiants il y a à peine quelques années», observe Jean-François Royer, associé chez Ernst & Young.

La part des héritiers parmi les entrepreneurs a chuté en vingt ans

«Quant aux héritiers, ils sont de moins en moins nombreux. La fiscalité a agi comme un repoussoir au cours des vingt dernières années. La mise en place du Pacte Dutreil a été trop tardive», constate Jean-François Royer. La part des héritiers parmi les entrepreneurs est passée de 17% en 1993 à 4% en 2011 selon l?étude.

Créé en 2003, le Pacte Dutreil permet de protéger un actif professionnel ou de transmettre à moindre coût ce dernier en bénéficiant d?un abattement de 75% sur la valeur des titres transmis. Toutes les sociétés ne sont pas éligibles au Pacte Dutreil, seules les entreprises ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale sont concernées. «Il reste tout de même aux repreneurs de s?acquitter de 25% de droits de succession. C?est autant d?argent qui plombe la trésorerie des entreprises», estime Franck Van Hassel, avocat associé chez Ernst & Young. A titre de comparaison, en Allemagne, les droits de succession sont nuls. L?héritier doit en revanche conserver la masse salariale pendant huit ans.

Les entrepreneurs sont inquiets

Se sentent-ils concernés par les dernières mesures fiscales votées par le Parlement, en particulier l?article 6 du projet de loi de finances 2013 qui relève la fiscalité des plus values de cession ? «Bien entendu. C?est un sujet qui préoccupe toutes les générations, y compris les plus jeunes. Comme leurs aînés, ils s?inquiètent de l?environnement fiscal mais également social et réglementaire actuel. Fait inédit, même s?ils ne feront pas tous le pas, chacun d'entre eux envisage désormais de quitter la France», avance Franck Van Hassel.

Le goût d?entreprendre avant la motivation financière

Pourtant, seuls 15% des entrepreneurs interrogés par Ernst & Young avancent les motivations financières, la perspective d?augmenter ses revenus pour expliquer leur volonté d?entreprendre? En revanche, la création d?entreprise est principalement portée, dans 84% des cas, par le goût d?entreprendre et la volonté de s?épanouir. «Le désir d?affronter de nouveaux défis et la recherche d?indépendance sont aussi des motivations majeures», avance l?étude.