L'entrepreneuriat social, un espoir économique

L'entrepreneuriat social reste encore à définir : c'est une démarche politique inscrite dans une logique économique, quelque part entre la prise en compte de l'intérêt général, par la création d'une valeur sociale, et la recherche de l'efficacité économique.
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Les entreprises sociales sont d'abord les acteurs du secteur de l'économie sociale qui, par opposition aux sociétés de capitaux, rassemble toutes les sociétés de personnes (associations, coopératives, mutuelles) qui veulent répondre à des besoins collectifs non satisfaits en créant, en plus de la valeur économique, une autre forme de valeur, la valeur sociale. Réunis au sein du Ceges (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale), ils savent que le statut ne peut suffire pour atteindre leurs objectifs fondateurs : une société socialement et écologiquement plus durable, capable à la fois d'assurer la justice sociale et de garantir une gestion efficace et maîtrisée des biens collectifs.

Le terme d'entrepreneuriat social est apparu dans les années 1980 aux États-Unis, sous l'impulsion d'Ashoka, pour définir une nouvelle sorte d'entrepreneurs désireux de proposer des modèles d'entreprises dont la logique de développement ne soit plus strictement économique, financière et aux fins de maximisation de la rémunération de l'actionnaire. Cette approche met l'accent sur l'individu comme acteur du changement social en tant que manager et développeur compétent, sur sa vision de la société, la mission qu'il s'assigne, et les principes d'action qu'il s'engage à respecter.

À l'Essec, nous avons, à partir de cette double filiation, défini l'entreprise sociale comme une initiative privée au service de l'intérêt collectif, soit une entreprise dont la finalité sociale est supérieure à la finalité économique. Ainsi, face à des besoins que ni les pouvoirs publics ni le marché ne peuvent complètement satisfaire, les entrepreneurs sociaux constituent une force d'innovation sociale qui doit aboutir à des changements sociaux systémiques au Nord comme au Sud, dans une logique de développement durable. L'entreprise sociale est une combinaison de finalités, de statuts et de pratiques managériales. Il ne s'agit donc pas d'opposer entreprise classique, dont la finalité première est de maximiser le profit de l'actionnaire, et entreprise sociale, dont la finalité première est sociale, mais de favoriser échange de visions et de pratiques, et stimuler des partenariats en vue de construire ensemble un monde plus durable.

L'entrepreneur social de demain est donc face à trois défis :
- L'argent : comment trouver les ressources financières nécessaires pour démarrer ? Quels modèles économiques imaginer et proposer ? Comment accéder aux capitaux nécessaires pour le développement et la pérennisation de l'entreprise malgré une rentabilité moindre prise ? Quelle place pour la philanthropie des entreprises ou des particuliers ? Comment prouver sa crédibilité face aux investisseurs et partenaires financiers ? Comment collaborer avec les grands groupes dans le cadre des « social business » prônés par Yunus ?
- L'homme : comment considérer l'individu pour ce qu'il est et non ce qu'il a ? Quelle gouvernance et quelle répartition du pouvoir ? Comment développer les compétences nécessaires pour concilier la logique économique, la logique sociale et la logique politique ?
- L'impact : comment mesurer l'impact social de son activité et la valeur sociale créée ? Comment maximiser son efficience sociale ?

Pour relever ces défis, la mise en exergue et la valorisation d'actions exemplaires et de réalisations emblématiques sera déterminante. La formation tiendra aussi une place essentielle pour répondre à la complexité des situations à gérer et des organisations à créer et à manager. Il est donc nécessaire que les grandes écoles, notamment de business, développent un enseignement, transversal, pluridisciplinaire et ancré dans la pratique ainsi que des travaux de recherche appliquée, afin de former et d'accompagner les entrepreneurs sociaux de demain, espoirs d'une société plus juste et plus durable.

La Tribune lance les premiers trophées de l'Entreprise sociale

Aujourd'hui, l'entreprise sociale bénéficie d'un important capital de sympathie mais reste encore trop méconnue. Pour mettre en lumière cette « galaxie » qui va de l'entreprise d'insertion au microcrédit, et identifier les bonnes pratiques en matière d'innovation sociale, La Tribune, en partenariat avec BNP Paribas, lance les premiers trophées de l'Entreprise sociale. Il s'agira de faire connaissance avec ces social entrepreneurs qui ont su concilier innovation sociale et succès économique.

L'opération se déroule en trois temps. Les entreprises ont jusqu'au 6 mars pour se porter candidates en présentant leur projet entrepreneurial dans la catégorie correspondant à leur activité : Finance, Green Business, Technos & Médias, International, Industrie & Services. Quinze entreprises seront présélectionnées par un jury et mises en avant dans nos médias. Le public sera appelé à sélectionner l'entreprise qui lui paraît la plus exemplaire en matière sociale et économique. Seule condition : être une entreprise à but social justifiant au minimum de deux années d'existence. L'Essec participe à l'initiative, placée sous le patronage du ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale, avec le soutien de Aufeminin.com, de Croissance Plus et du Ceges (Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale).

Précisions et inscription sur : https://entreprisesociale.latribune.fr/

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