Clic-P est devenu la bête noire des commerçants parisiens. Le Comité de liaison intersyndical du commerce de Paris attend pour jeudi une décision en référé d'un juge parisien contre l'ouverture nocturne du magasin Sephora des Champs-Elysées. L'enseigne spécialisée dans les parfums et produits de beauté ferme à minuit toute la semaine et est ouvert jusqu'à une heure du matin le week end. Le syndicat attaque également l'ouverture du magasin de Bercy Village qui ouvre le dimanche.
L'intersyndicale qui regroupe la CFDT, la CFTC, la CGC, la CGT, FO et SUD veut mettre un terme à une pratique qui date de l'ouverture du magasin Sephora, en 1996. Dans un communiqué publié ce week end dans des quotidiens nationaux, la direction du magasin rappelle que les salariés adhèrent pleinement aux dispositions horaires du magasin. Elle ajoute que restreindre cette plage horaire reviendrait à détruire 45 emplois. Enfin, elle accorde un surcroît de rémunération aux salariés qui travaillent de nuit.
Un chantage pour enfreindre la loi?
"Pour faire travailler des salariés de nuit, il est nécessaire d'avoir un accord d'entreprise, ce que n'a pas Sephora, et même s'ils en ont un, la nature de leur activité ne les autorise pas à faire travailler leurs salariés au-delà de 22h", explique Eric Sherrer, membre du Clic-P et syndicaliste CFTC.
La loi fixe le travail nuit entre 21h et 6h, mais stipule qu'il doit demeurer exceptionnel et répondre à deux justifications : assurer la continuité de l'activité économique (distribution électrique, transports...) ou répondre à une nécessité d'utilité sociale. "Acheter un parfum en pleine nuit ne répond pas à une nécessité impérieuse pour le fonctionnement de la société" envoie Eric Sherrer à l'adresse de la direction de Sephora, filiale du groupe LVMH. Une société peut toutefois négocier une ouverture jusqu'à 22h à condition d'un accord d'entreprise.
Le Clic-P conforté par la justice
"Toutes les décisions judiciaires démontrent que le commerce de détail n'est pas éligible à un travail après 22h" ajoute le syndicaliste. D'après lui, le Clic-P remporte toutes les procédures judiciaires qu'il engage sur ce thème, soit 10 à 15 dossiers par an. En juin dernier, le tribunal de Grande instance de Paris avait ainsi interdit aux grands magasins parisiens (BHV, Galeries Lafayette) d'ouvrir jusqu'à minuit le premier jour des soldes. Le groupement syndical veut désormais s'attaquer au magasin Abercrombie des Champs-Elysées où les salariés travaillent tard après la fermeture du magasin pour ranger les rayons.