430 milliards d'euros : c'est ce que coûterait un "Fukushima" à la France

Par latribune.fr  |   |  488  mots
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Un accident nucléaire majeur similaire à celui survenu à celui du 11 mars 2011 au Japon pourrait coûter à la France quelque 430 milliards d'euros, selon une étude de l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Sans surprise, la facture serait énorme. Dans une étude publiée mercredi, l'Institut national de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a tenté d'évaluer le coût total pour la France d'une catastrophe semblable à celle de Fukushima. D'après ses spécialistes, celui-ci s'élèverait à quelque 430 milliards d'euros, en prenant en compte les dépenses liées à la contamination de l'environnement, mais aussi les coûts humains et indirects pour l'économie.

Dans le détail, l'IRSN évoque d'abord les coûts liés à la "catastrophe radiologique". Il chiffre à 110 milliards d'euros le traitement des territoires contaminés. A cela, il faudrait ajouter la prise en charge d'environ 100.000 réfugiés. Les pouvoirs publics devraient également gérer l'équivalent de quatre départements français plus ou moins contaminés, sans compter l'impact sur les pays voisins qui seraient vraisemblablement touchés. Enfin, l'IRSN fait état de "coûts d'images" - c'est-à-dire les exportations perdues, mêmes pour des produits sains, ou encore la dégringolade prévisible du tourisme - qui se chiffreraient à 160 milliards d'euros.

Des conséquences lourdes au niveau macroéconomique

L'institut a également décortiqué un autre scénario: celui d'un "accident grave" de moindre ampleur. Selon l'économiste Patrick Momal, qui travaille sur ces questions à l'IRSN depuis 2005, un tel incident, dont les rejets seraient contrôlés et limités aux seuls abords d'une centrale française, représenteraient 120 milliards d'euros, soit environ 6% du PIB annuel ou trois à six ans de croissance. Selon ses calculs, le surcoût entraîné par un tel accident nucléaire pour le parc électrique français (arrêt éventuel de centrales nucléaires, recours à d'autres énergies, importations d'électricité...) et les "effets d'image" négatifs pour les exportations agricoles ou le tourisme dépasseraient de loin les seuls coûts liés à la contamination. Ceux-ci pèseraient environ 80% du total de la facture. Pour Patrick Momal, ce type de catastrophe serait toutefois "gérable", avec au plus 10.000 réfugiés radiologiques.

Reste que ces chiffres sont à prendre avec des pincettes. Dans le cas de Fushima, près de deux ans après la catastrophe, on ignore encore à combien la facture s'élevera. En novembre dernier, Tepco, la compagnie gérante de la centrale dévastée par le tsunami du 11 mars 2011, a fait état d'un coût de 10.000 milliards de yens (100 milliards d'euros) pour sa part. Cette somme concerne essentiellement la décontamination et les compensations versées par l'entreprise. Or sur le plan macroéconomique, les conséquences ont été bien plus lourdes. Avec l'arrêt de la quasi-totalité de ses centrales nucléaires, la facture énergétique du Japon a par exemple explosé, provoquant un premier déficit commercial record en 2011. Lequel a été battu dès 2012 en atteignant 6.927,3 milliards de yens, soit 58 milliards d'euros.

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