Augmenter le taux de marge : mission impossible pour les entreprises industrielles ?

Par Fabien Piliu  |   |  466  mots
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Selon la société Markit, le coût des achats des entreprises françaises a augmenté pour la sixième fois consécutivement en février. Après avoir reculé en janvier, les prix de vente se replient à nouveau ce mois-ci.

En baisse récurrente depuis une dizaine d?années, le taux de marge des entreprises industrielles n?est pas prêt de de se reconstituer. Selon la société Markit, les prix des achats des fabricants français ont enregistré une sixième hausse mensuelle consécutive en février. En revanche, après avoir reculé en janvier, les prix de vente se replient à nouveau ce mois-ci. « Les répondants indiquent avoir réduit leurs tarifs afin de faire face à de fortes pressions concurrentielles  », note la société Markit.

L?activité continue de reculer

Au regard de ces éléments, il devient compliqué pour les entreprises de redresser leur taux de marge, d?autant plus que la demande reste faible entraînant un repli mécanique de l?activité. En février, l?indice PMI du secteur manufacturier s?est certes légèrement redressé mais à 43,9, contre 42,9 en janvier, il indique toujours une nette contraction de l?activité. Parce qu?elles sont pressées sur les prix, confrontées à une réduction des carnets de commandes, qu'elles sont marquées par l?augmentation des délais de paiement et  fragilisées par un resserrement du crédit bancaire ? n?en jetez plus !  - les perspectives des entreprises industrielles sont donc loin d'être réjouissantes.

« Le taux de marge de l?industrie en France atteint une cote d?alerte : 22.2% au troisième trimestre 2012 contre 34% en 2000, alors que sur la même période l?Allemagne est passée de 28% à 34% », a rappelé cette semaine Pierre Gattaz, le président du Groupement des fédérations industrielles (GFI).

Le CICE à la rescousse

Dans ce contexte, les 20 milliards d?euros du crédit d?impôt pour la compétitivité et l?emploi (CICE) peuvent-elles faire des miracles ? Pour 47% des 2.000 membres de la communauté OSEO Excellence, au sein de laquelle l?industrie a la part belle, ils devraient permettre d?apaiser les tensions de trésorerie. Pour 48% de ces mêmes dirigeants d?entreprises de croissance, ils serviraient à maintenir, voire à créer des emplois. Et pour les autres ?

Jack Kennedy, économiste senior à Markit est pessimiste « Bien que la récession ralentisse légèrement en février, la conjoncture continue de se détériorer fortement dans le secteur manufacturier français. Cette tendance résulte d?un nouveau repli marqué du volume des nouvelles commandes, principalement sur le marché intérieur, la faiblesse de l?environnement économique incitant les clients à reporter ou annuler leurs commandes » explique-t-il. « En conséquence, les fabricants continuent de réduire leurs effectifs, leur activité achats et leurs stocks. Compte tenu du faible niveau de confiance des entreprises et du manque de visibilité économique croissant, il paraît difficile d?enrayer cette tendance baissière au cours des prochains mois », anticipe Jack Kennedy