Pourquoi il n'y a rien à attendre de l'intervention de François Hollande

Par Ivan Best  |   |  475  mots
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Les medias se sont échauffés dans l'attente de l'intervention présidentielle, ce jeudi soir sur France 2. La prise de parole de François Hollande risque pourtant d'une grande banalité, faute d'annonces. Le cap est connu, il est condamné à l'expliquer.

Combien de « papiers » ? D'analyses ? D'éditoriaux ? Depuis l'annonce officielle, vendredi 22 mars, de l'intervention télévisée de François Hollande, ce jeudi soir, les media ont fait monter la tension autour de la « sortie » présidentielle. Que doit-il dire ? Comment va-t-il le faire ? Les éditorialistes s'en donnent à c?ur joie. Le Huron cher à Voltaire, qui débarquerait en France ces jours ci, en conclurait que l'événement est d'une importance capitale. Le chef de l'Etat serait donc sur le point d'annoncer un vrai tournant politique, ou tout au moins des décisions lourdes.

Rien, ou si peu
Or, l'exécutif le confirme, et chacun pouvait s'en douter, François Hollande n'annoncera rien, ou si peu. Tout juste pourrait-il donner des indications sur la très symbolique taxe à 75%, dont le taux global n'est plus que de 66,66%. Pour le reste, que pourrait-il révéler? Qu'il espère toujours inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année ? Il ne peut dire le contraire, même si plus personne ne le croit. Qu'il maintient le cap de la réduction des déficits ? Il n'a pas vraiment le choix, sous la pression européenne.

Fixer un cap
Fixer un cap, donc, comme le suggèrent à longueur de lignes les éditorialistes ? Certes. Mais cela prendra sans doute la forme d'une explication, à nouveau, de la politique économique conduite depuis l'automne. François Hollande expliquera qu'elle est la plus adaptée à la situation. Qu'elle concilie justice sociale et compétitivité économique. Que la diminution des déficits publics n'est pas incompatible avec la recherche de la croissance (même si, là aussi, il risque de laisser beaucoup de téléspectateurs sceptiques). Comme lors de sa conférence de presse du 13 novembre, le chef de l'Etat devrait donc assumer pleinement le triptyque des réformes que l'Europe, et surtout l'Allemagne, suggèrent à la France depuis des années, et qu'il veut aujourd'hui mettre en ?uvre.

Le triptyique européen

Un triptyque constitué de baisse des dépenses publiques - le Président n'a rien à dire de neuf sur le sujet, les travaux ne sont pas aboutis -, baisse du coût du travail (c'est le Crédit d'impôt compétitivité, financé notamment par la hausse de TVA ) et libéralisation du marché du travail (l'accord du 11 janvier sur l'emploi, bientôt soumis au parlement). « Derrière le mot compétitivité, il y a emploi » avait souligné François Hollande, le 13 novembre.
Que pourrait-il dire d'autre ce jeudi soir ? La situation économique et sociale interdit toute promesse, l'heure n'est vraiment pas aux effets de manche. De quoi désespérer ceux qui veulent croire en la parole politique....Ce n'est certes pas l'Elysée qui est responsable de l'échauffement médiatique autour de la prise de parole du Président. Mais, à trop susciter l'attente...