La Cour des comptes veut moins d'enseignants, mais mieux payés

Par Ivan Best  |   |  470  mots
Didier Migaud, premier président de Copyright Reuters
La Cour appelle à une profonde réforme du système éducatif, avec une décentralisation de sa gestion. En assouplissant règles et statuts, il serait possible de diminuer le nombre d'enseignants, de mieux les rémunérer, et d'assurer un meilleur suivi éducatif, affirment les magistrats

La cour des Comptes s'alignerait-elle sur la ligne Sarkozy en matière de gestion de la fonction publique ? A propos de l'éducation nationale, elle suggère une ligne directrice proche d'un ancien slogan de l'ex-président : moins d'enseignants, mais mieux payés. A rebours de François Hollande qui a engagé un plan de recrutement de 60.000 enseignants. Premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud se défend bien sûr d'une telle approche politique...

Changer les règles
"Le problème n'est pas celui du nombre d'enseignants ou d'une insuffisance des moyens" budgétaires: la suppression de 80.000 postes sous le précédent quinquennat ou la création prévue de 60.000 postes en cinq ans "sont vaines si elles se font à règles de gestion inchangées", juge la Cour dans son rapport .
Il faut gérer autrement le système. Les magistrats ne préconisent pas de « dégraisser le mammouth », comme avait pu le dire le ministre de l'Education, alors proche de Lionel Jospin, Claude Allègre, mais c'est tout comme. Il s'agirait d'assurer une gestion beaucoup plus proche du terrain, par groupe d'établissements pour certaines fonctions, et surtout au niveau de l'établissement scolaire.

Mieux payer les profs, tout en encadrant mieux les élèves
Avec une gestion décentralisée, dégager des économies pour à la fois mieux rémunérer les professeurs et mieux encadrer les élèves en difficulté serait possible, estime la Cour. Les enseignants des classes élémentaires gagnent 20% de moins que la moyenne de l'OCDE en début de carrière et 16% de moins après 15 ans d'exercice. Cet écart est quasiment similaire au collège et même plus important au lycée, pour les professeurs expérimentés ( la différence dépasse les 20% après 15 ans d'enseignement). S'agissant du temps de travail, il est équivalent en France à celui des pays comparables.

Annualiser le temps de travail, moins d'options au lycée
Comment parvenir à atteindre ces objectifs? Il serait possible de diminuer le nombre d'enseignants, affirme la Cour, qui ne veut pas chiffrer cette baisse. Ce serait envisageable en annualisant le temps de travail au collège et lycée, par exemple. Aujourd'hui, quand une classe sort du lycée, les enseignants qui ne l'accompagnent pas sont simplement dispensés de cours, et ne rattrapent jamais cette heure non effectuée.
En organisant la bi-valence, aussi, à savoir le fait pour les enseignants au collège d'assurer les cours dans au moins deux matières. Enfin, au lycée, la Cour suggère de revoir l'offre à la baisse. En termes très concrets, il s'agirait de diminuer le nombre d'options : beaucoup plus nombreuses qu'ailleurs, elles aboutissent à renchérir de 30% le coût d'un lycéen français par rapport à la moyenne des pays de l'OCDE.