Colbert 2.0, l'arme anti-délocalisation d'Arnaud Montebourg

Par A.R.  |   |  591  mots
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Ce logiciel d'"auto-diagnostic" en ligne, qui doit permettre à une entreprise de mesurer son "potentiel de relocalisation" en répondant à une série de questions relativement simples, est l'élément le plus original de la boîte à outils présentée pour développer la relocalisation industrielle.

Depuis quatre ans, 107 entreprises ont relocalisé une activité industrielle en France, selon une étude du cabinet Sémaphores. D'ici à 2017, l'objectif fixé par le Ministère du Redressement productif est de voir 1.000 nouvelles relocalisations ou nouvelles implantations sur notre territoire.  "C'est le moment d'appuyer sur l'accélérateur", considère Arnaud Montebourg.

Le ministère y croit et a donc présenté aujourd'hui un plan de soutien à la relocalisation qui compte quatre instruments. Ces outils sont principalement destinés aux PME, qui n'ont pas forcément les moyens de mandater des consultants pour étudier les stratégies toutes les stratégies possibles. L'Etat entend "apporter une aide concrète aux entreprises qui souhaitent relocaliser, qui ont relocalisé ou qui vont relocaliser", a expliqué Arnaud Montebourg lors d'une rencontre sur ce thème au Ministère de l'Economie.

Le logiciel "Colbert 2.0" accessible au plus tard le 9 juillet

L'instrument le plus innovant, c'est le logiciel mis au point par deux universitaires parisiens, El Mouhoub Mouhoud et Xavier Ragot, à la demande du ministre. Baptisé "Colbert 2.0"-  un clin d'?il sans équivoque aux principes économiques élaboré par le contrôleur général des Finances de Louis XIV - ce logiciel est décrit comme un outil « d'auto-diagnostic » qui permettra à un chef d'entreprise de faire une simulation pour évaluer les avantages dont il pourrait bénéficier en produisant en France.

L'outil sera accessible en ligne à toute entreprise, librement et gratuitement. Après avoir répondu à une série de questions quantitatives et qualitatives pendant trois quarts d'heures, le logiciel rendra ses conclusions et présentera les avantages à retirer d'une relocalisation ainsi que des aides dont pourrait bénéficier l'entreprise dans cette démarche. Il sera disponible début juillet, sur une plate-forme dédiée. "La dead-line est fixée au 9 juillet 2013, le temps de régler quelques modalités techniques", indique-t-on dans l'entourage d'Arnaud Montebourg.

50 millions d'euros pour "revitaliser" des sites fermés

Autre instrument dégainé ce 14 juin : une enveloppe budgétaire de 50 millions d'euros d'euros venant du fonds alloué à la revitalisation des sites industriels fermés. Des aides à la réindustrialisations, dans une enveloppe de 160 millions d'euros, pourront également être "de plus en plus utilisées". La Banque publique d'investissement devra aussi être "un accélérateur" de financement.

Un interlocuteur dédié dans chaque région

Une "cellule relocalisation" verra aussi  le jour au sein du ministère du Redressement productif. Au total, un représentant de chacune des 22 régions françaises y sera rattaché. Ces hommes et ces femmes seront l'interlocuteur unique de toutes les PME d'une région. Ils devront faciliter les démarches administratives. Ils seront chapeautés par un conseiller du ministre, Christophe Bejach, le fondateur de la compagnie aérienne "L'avion".

Recensement des "avantages compétitifs" des territoires

Enfin, une base de données sera librement accessible aux entrepreneurs identifiant les "avantages compétitifs" de différents territoires. Un chef d'entreprise qui cherche à relocaliser tout ou partie de son activité pourra la consulter pour se diriger rapidement vers les zones qui correspondent à ses besoins.

Ces quatre instruments viendront en complément d'autres avantages rappelés par le ministère, à savoir une énergie bon marché, des infrastructures de qualité, un système de soutien à l'innovation performant sans oublier les nombreuses aides et subventions. Pas sûr que cela suffise à convaincre les chefs d'entreprises de renoncer aux attraits des pays étrangers où le coût de la main d'oeuvre est faible.

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