PME : Montebourg menace le CAC 40 : «Aidons-nous les uns les autres»

Par Fabien Piliu  |   |  605  mots
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Pour convaincre les directeurs achats des entreprises du CAC 40 d'adopter une politique responsable et solidaire envers les TPE et les PME, le ministre du Redressement productif a soufflé le chaud et le froid.

Lors de son passage sous les couleurs militaires, Arnaud Montebourg a-t-il été formé aux rudiments de la guerre psychologique ? Les directeurs achats des entreprises du CAC 40 convoqués ce lundi à Bercy par Pierre Pelouzet, le ministre des relations inter-entreprises, ont probablement dû se poser la question. Après les avoir fait patienter une quarantaine de minutes, le ministre a soufflé le chaud et le froid pour les convaincre d'adopter une attitude irréprochable avec leurs fournisseurs et leurs sous-traitants.

« La France est un cas unique. Ses grands champions sont sa fierté. Sur les 100 entreprises les plus innovantes recensées par Forbes, la France se classe au deuxième rang avec neuf entreprises mentionnées, derrière les Etats-Unis. Mais il faut aussi penser aux parents pauvres, à l'économie invisible qui, tels les chrétiens de l'époque romaine tentant de se dégager des catacombes, étaient écrasés sous les pas des légions en ordre de marche », a déclaré Arnaud Montebourg, juste avant que le directeur des achats de Vivendi signe la charte des relations inter-entreprises désormais paraphée par 400 entreprises, dont 28 du CAC 40.

On a toujours besoin d'un plus petit que soi

« Les TPE, les PME et les ETI sont nos champions de demain. Le rôle des grands groupes est de les aider à grandir, à aider les start-up à devenir des PME. Cette notion, ce réflexe de solidarité joue dans toutes les économies prospères. Il faut vraiment que le CAC 40 devienne un grand frère que lequel le reste de l'économie s'appuie. Il faut que le CAC 40 transporte l'oxygène, partage l'oxygène pour le bien-être de tous. Nous avons tous besoin d'un plus petit que soi. Aidons-nous les uns les autres », a expliqué Arnaud Montebourg, citant successivement Saint-Matthieu et Jean de La Fontaine.

« Faut-il rappeler ce que les entreprises doivent à l'Etat. Chacune de vos entreprises a eu un jour besoin du soutien de l'Etat pour l'aider à se développer, pour l'aider à passer un cap délicat. Il est maintenant l'heure de rendre à la collectivité un peu de ce qu'elle vous a donné. Faudra-t-il froncer les sourcils si nos ne sommes pas entendus ? », s'est -il interrogé, expliquant que l'Etat avait bien l'intention de balayer devant sa porte en modifiant le code des marchés publics pour que la commande de l'Etat et des collectivités territoriales bénéficient davantage aux entreprises françaises.

Des rendez-vous réguliers sont programmés

En préambule, en une sorte de répétition de ce qui allait leur tomber dessus, Pierre Pelouzet, s'était également montré tour à tour sympathique et menaçant. « Je vous remercie vivement pour tous les efforts déjà réalisés. Mais il faut aller plus loin. Il y a urgence car le retour des PME reste encore très mitigé. Endémiques, les retards de paiement expliquent encore et toujours 25% des défaillances d'entreprises. Les abus de position dominante qui se traduisent par exemple par du racket au CICE, des ruptures unilatérales de contrat ou du pillage de la propriété intellectuelle sont encore trop souvent signalés. Au regard des nombreux coûts liés aux délocalisations, aux transferts de production ou de services, il faut que les grandes entreprises réfléchissent désormais en terme de coût complet qui prennent notamment en compte les droits de douanes, l'empreinte carbone, les frais de transport et de logistique. », a-t-il avancé, avant de leur annoncer qu'ils seraient convoqués désormais tous les six mois pour faire un point sur l'évolution de leurs relations avec les entreprises de leur écosystème.