Pour être solidaire, demandez à la caissière d'arrondir à l'euro supérieur

Par Giulietta Gamberini  |   |  498  mots
200 magasins Franprix seront concernés avant la fin de l'année, 500 autres dans un an
Dépassées les collectes de boites de conserves ou les tirelires dans les bureaux de tabac. Un nouveau dispositif permettra bientôt de contribuer aux actions locales de solidarité juste en demandant l'arrondi à l'euro supérieur des prix de nos courses. Franprix a déjà adhéré.

Marre des centimes qui engorgent votre porte-monnaie ? Vous pourrez bientôt vous en débarrasser tout en faisant une bonne oeuvre. L'entreprise solidaire MicroDon lance en effet un nouveau concept: l'arrondi solidaire.

Le principe est des plus simples: à chaque passage en caisse pour vos courses, vous pourrez demander que votre facture soit arrondie à l'euro supérieur. La différence avec vos dépenses sera reversée à une association partenaire menant une action de solidarité près du point de vente. Le don n'est pas soumis à la TVA et peut être défiscalisé.

Un projet national et multienseignes

Testé cet été dans deux magasins Franprix à Paris, le dispositif vient d'être inauguré par Benoît Hamon, ministre chargé de l'Economie sociale et solidaire, et sera étendu à 200 magasins Franprix d'ici à la fin de l'année puis à 500 autres dans un an.

Le programme se veut néanmoins national et multienseignes puisque, selon les calculs de MicroDon, il pourrait rapporter gros: plus de 5 millions d'euros par an si seulement 1% des clients d'une dizaine d'enseignes de distribution alimentaire ou spécialisée demandait un arrondi de 40-50 centimes. L'adhésion d'autres entreprises sera donc probablement annoncée fin octobre.

Aucun intermédiaire ne prélèvera de commission

Côté bénéficiaires, les principaux partenaires sont pour le moment la Croix Rouge et le Secours populaire, sélectionnés pour leur réputation et pour l'envergure de leurs actions, mais d'autres associations ou des collectes ponctuelles (par exemple en cas de catastrophe humanitaire) seront aussi probablement intégrées.

Simple et pratique, le don sera aussi attractif parce qu'intégral: aucun intermédiaire ne prélève de commission. Ce sera aux enseignes partenaires de financer l'opération et d'assumer les frais des investissements informatiques nécessaires (notamment pour équiper les caisses d'un logiciel capable de déclencher et isoler l'arrondi), avec l'espoir de compenser ces coûts par des bénéfices en termes d'image,... et de gain de temps dans le rendu de monnaie.

Au Mexique,  la formule a déjà eu son petit succès

L'idée vient de l'étranger. Le fondateur de MicroDon, Pierre-Emmanuel Grange, l'a découverte il y a 5 ans dans un supermarché mexicain lorsque, en raison de ses lacunes en espagnol, il a répondu mécaniquement «si» à la proposition d'une caissière et ainsi adhéré par erreur à l'initiative. Au Mexique, en effet la formule a déjà du succès:  l'équivalent de presque 6 millions d'euros sont récoltés chaque année. Elle existe aussi en Angleterre et en Allemagne.

Cette nouvelle forme de générosité dite «embarquée», c'est-à-dire greffée sur des transactions de la vie quotidienne, a déjà été testée aussi en France. Spécialisé dans la levée de fonds pour les associations, MicroDon a notamment développé un mécanisme de don sur bulletin de salaire. L'entreprise n'exclut pas d'étendre l'arrondi aux relevés bancaires et aux les transactions en ligne.