Combien faut-il débourser pour acheter Paris ?

Par Fabien Piliu  |   |  747  mots
La Tour Eiffel serait évaluée à 2,8 milliards d'euros par les auteurs de "Que vaut Paris", tandis qu'une Chambre de Commerce italienne l'évaluait à... 434 milliards d'euros. | REUTERS
Un ouvrage évalue à 700 milliards d'euros la capitale française, grands monuments non compris.

Avec des si, on mettrait Paris en bouteille… Et si Paris était à vendre, et que l'acquéreur devait payer en monnaie sonnante et trébuchante, il faudrait que cette bouteille soit gigantesque puisque la somme à régler serait d'au moins 700 milliards d'euros.

C'est en effet l'évaluation de la capitale à laquelle ont abouti l'auteur et historien Patrice de Moncan et Gilles Ricour de Bourgies, le président de la Chambre Paris-Ile de France de la FNAIM dans l'ouvrage intitulé  « Que vaut Paris ? » aux Editions du Mécène.

Paris compte 1,3 million de logements

Pour aboutir à cette estimation, ils ont valorisé les 1,3 millions de logements que compte Paris par type de logements, (1 pièce, 2 pièces, 3 pièces, 4 pièces, 5 pièces et plus), dans chacun des arrondissements, avant de les additionner en s'appuyant sur les statistiques publiées par la FNAIM Paris-Île de France.

En procédant ainsi, la valeur globale de l'habitation à Paris s'élève à 525,147 milliards d'euros. A ce montant s'ajoute celui de la valeur des bureaux. Sachant que Paris compte 16,818 millions de mètres carrés consacrés aux bureaux, leur valeur atteint 142 milliards d'euros pour BNP Paribas Real Estate Research, dont 35,9 milliards dans le seul huitième arrondissement.

La valeur des murs des 84.000 boutiques répertoriées par l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) est estimée à 39,638 milliards d'euros. « Bien sûr, il s'agit uniquement de la valeur des murs, pas des fonds de commerce », précisent les auteurs.

Combien valent les monuments historiques ?

En conséquence, la valeur minimum de Paris est de 706,885 milliards d'euros, « auxquels il convient d'ajouter de nombreux bâtiments dont l'évaluation est particulièrement difficile tant ils sortent des normes » poursuivent-ils.

En effet, comment estimer la valeur de l'Élysée ou de la Tour Eiffel, par exemple ? « Nous nous sommes tout de même attaché à estimer la valeurs 'utopiques' d'une trentaine de sites.

Ainsi le Palais de l'Élysée pourrait valoir 1,2 milliards d'euros, la Tour Eiffel, 2,8 milliards d'euros, le Musée du Louvre, 7,5 milliards, la gare d'Austerlitz, 1,3 milliards d'euros ... ». Ces chiffres doivent évidemment être pris avec des pincettes. Une étude récente estimait à 434 milliards la valeur de la seule Tour Eiffel !

A qui appartient Paris aujourd'hui ?

Cet ouvrage ne se contente pas d'estimer la valeur de la capitale. Il fait également un point sur ses propriétaires. « Depuis 1905, Paris n'est plus la maison du Bon Dieu comme sous l'Ancien Régime, un a priori pourtant encore largement répandu. L'Eglise, à travers le Diocèse et les congrégations religieuses, ne possède plus que 301 propriétés réparties sur 800.000 mètres carrés de terrain, soit deux fois la surface de Vatican tout de même ! », précisent les auteurs.

Aujourd'hui, le premier groupe de propriétaires est aujourd'hui constitué par les copropriétaires. Plus de 55 % des immeubles, soit 48.439 immeubles, sont ainsi détenus par environ 850.000 particuliers et sociétés commerciales.

La Ville de Paris, le plus gros propriétaire de Paris

La Ville de Paris est le plus gros propriétaire, avec près de 9 % des immeubles (7.870 unités) possédés en direct ou à travers ses multiples sociétés d'aménagement urbain et de logement social (OPAC, RIVP, Semavip, etc.).

Environ13.000 personnes physiques possèdent encore 14.344 immeubles en totalité (16,33 %). « Ces monopropriétaires étaient trois fois plus nombreux en 1950 et possédaient plus de 90 % des immeubles de Paris. Le poids de l'entretien comme celui de la fiscalité sur les successions ont fait se dissiper ce patrimoine au profit principalement de la copropriété », expliquent les auteurs.

De leur côté, les Sociétés commerciales possèdent 5.958 immeubles (6,78 %). C'est un des taux les plus faibles depuis 1950. « Les SA et SARL n'investissent plus dans les murs de leurs entreprises, réservant leurs liquidités à la recherche et au développement ».

Quant au patrimoine des investisseurs institutionnels que sont les compagnies d'assurance, les banques et les fonds de pension notamment, il représente 4,19 % de la ville, soit 3.682 immeubles. Il est en baisse depuis les années 1990. « Les ventes à la découpe y sont pour quelque chose ».

Le patrimoine hétéroclite de l'Etat

Le patrimoine des sociétés civiles immobilières (SCI) qui possèdent 3.589 immeubles est également en repli. Leurs immeubles représentent 4,09 % de Paris, contre plus de 10 % en 1985. Et l'État ?

Il possède encore 2.789 immeubles (3,18 %). Son patrimoine est très hétéroclite puisqu'il est constitué de bureaux administratifs, ministères, théâtres, musées, hôpitaux, cathédrale, etc.