Les transporteurs routiers se mobilisent pour un abandon de l'écotaxe

Par latribune.fr  |   |  933  mots
Entre 2.200 et 4.500 camions sont mobilisés ce samedi sur 26 barrages filtrants dans le cadre de la protestation contre l'écotaxe lancée à l'initiative de la fédération OTRE
Entre 2.200 et 4.500 camions, selon les sources, sont mobilisés ce samedi sur 26 barrages filtrants dans le cadre de la protestation contre l'écotaxe lancée à l'initiative de la fédération OTRE

Entre 2.200 et 4.500 camions, selon les sources, sont mobilisés ce samedi sur 26 barrages filtrants dans le cadre de la protestation contre l'écotaxe lancée à l'initiative de la fédération OTRE. "Nous sommes satisfaits de la mobilisation, et nous sommes très bien accueillis par les automobilistes, que nous laissons passer, et auxquels nous distribuons des tracts", a indiqué ce samedi un porte-parole de la fédération OTRE qui revendique 4.500 véhicules mobilisés, tandis que pour le ministère de l'Intérieur, ils étaient 2.200.

La précédente manifestation organisée par l'Organisation des transporteurs routiers européens il y a quinze jours avait rassemblé 2.100 poids lourds selon le ministère de l'Intérieur, 4.000 selon la fédération, autour de 19 sites de manifestation recensés. L'OTRE exige l'annulation pure et simple de l'écotaxe, applicable sur les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur 15.000 km du réseau routier hors autoroutes, et qui devait avant sa suspension cet automne, entrer en vigueur début 2014 après plusieurs reports.

Pour le ministre des Transports Frédéric Cuvillier, la deuxième journée de blocage organisée par les chauffeurs routiers contre l'écotaxe "ne connaît pas de mobilisation croissante", dans une déclaration à l'AFP. "On est sur les mêmes chiffres qu'il y a deux semaines", date de la journée d'actions précédente, et "manifester aujourd'hui signifie que l'on souhaiterait interdire le Parlement de se saisir d'une question", a-t-il ajouté samedi soir, en allusion à la création mi-novembre d'une mission d'information sur l'écotaxe confiée à l'Assemblée nationale

 

Barrages filtrants jusqu'à 18 heures 

En fin de matinée, le Centre national d'informations routières (CNIR) faisait état d'une vingtaine de zones où la circulation est difficile, en raison de barrages filtrants ou d'opérations escargot de poids-lourds. En Ile-de-France notamment, le CNIR recense notamment "des ralentissements très importants" sur l'A4 vers Paris et sur l'A6 vers la province. Il indique que la préfecture de police "conseille vivement aux automobilistes de différer leurs déplacements et de privilégier les transports en commun, et notamment pour les poids-lourds de contourner les trois autoroutes impactées, à savoir A1, A4 et A6". "Les perturbations devraient durer jusqu'à 18 heures", indique la préfecture 

Sur la majorité des sites, les manifestants et leurs camions peuvent bloquer les poids lourds, mais laissent passer les voitures. Des barrages filtrants doivent être installés dans quinze régions françaises à partir de 10H00, selon l'organisation patronale qui revendique 3.000 adhérents. Si les véhicules légers doivent pouvoir passer, les poids lourds "notamment ceux en transit international, seront bloqués", avait prévenu dès vendredi Gilles Mathelié-Guinlet.

L'OTRE isolée

Les autres fédérations du secteur, en revanche, n'appellent pas leurs adhérents à manifester. Toutefois, affirme l'OTRE, des adhérents ou des unions régionales d'autres organisations participeront au mouvement. "Samedi ce n'est pas le combat de la profession, mais le combat d'une organisation", a dénoncé dans un communiqué l'UNOSTRA Aquitaine. Pour Nicolas Paulissen, délégué général de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR), il est plus urgent de mener à bien les négociations entamées avec le ministère des Transports pour moderniser la filière.

Les points de vue divergent entre les organisations patronales : pour l'OTRE, le gouvernement doit purement et simplement renoncer au dispositif. De leur côté, la FNTR, l'Union des Entreprises de transport et de logistique (TLF), l'Union nationale des organisations syndicales des transporteurs routiers automobiles (Unostra) et la Chambre syndicale du déménagement (CSD) acceptent le principe de l'écotaxe tant qu'elle est compensée par une majoration forfaitaire de leurs prix. Votée par l'Assemblée nationale, cette disposition doit leur permettre de répercuter l'écotaxe sur leurs clients.

Calendrier de mise en place de l'écotaxe pas arrêté

L'Assemblée nationale a créé le 12 novembre une mission d'information sur l'écotaxe, tandis que les sénateurs socialistes ont fait savoir qu'ils allaient demander la création d'une commission d'enquête sur la société italienne Ecomouv', chargée de la mis en place du système et de la collecte de cette taxe décidée en 2009 par la précédente majorité, et qui doit servir à financer des infrastructures de transport et à entretenir les routes.

Le calendrier de la mise en place de l'écotaxe "n'est pas arrêté", a rappelé Matignon vendredi. La taxe, applicable sur les camions de plus de 3,5 tonnes circulant sur 15.000 km du réseau routier hors autoroutes, devait avant sa suspension cet automne entrer en vigueur début 2014 après plusieurs reports.

Un abandon coûterait cher

L'abandonner serait lourd de conséquences pour l'État. En vertu du contrat signé avec Ecomouv' dans le cadre d'un partenariat public-privé (PPP), il devra payer près d'un milliard d'euros à l'entreprise en remboursement des investissements réalisés.

Le report ne sera pas neutre financièrement non plus. L'État doit payer à la société un loyer mensuel de 18 millions d'euros à partir du moment où le système de collecte est homologué, même si la taxe n'est pas appliquée. La décision concernant cette homologation technique est attendue début décembre. Ecomouv' en revanche, qui devait livrer le dispositif en juillet dernier, doit verser à l'État huit millions d'euros mensuels d'indemnités de retard.

Vendredi, ce sont les agriculteurs de la FNSEA qui ont manifesté, à travers des actions symboliques comme l'installation de "portiques" en paille, contre les "surenchères fiscales et réglementaires".