Paul Krugman soutient mordicus que la France "ne va pas si mal"

Par latribune.fr  |   |  476  mots
L'économiste américain avait déjà défendu la France après la perte de son Triple A chez Standard & Poor's.
Le prix Nobel d'économie défend une fois de plus la France dans une tribune publiée dans le New York Times.

La France a ses détracteurs, adeptes du "French Bashing". Elle a aussi ses défenseurs. Depuis plusieurs semaines, elle peut compter parmi ses soutiens l'économiste américain Paul Krugman. Ce dernier prend une nouvelle fois parti pour Paris, dans le New York Times, pour démontrer chiffres à l'appui, que sa situation économique n'est pas "si catastrophique" que ses élites veulent le croire. 

Pessimisme extrême des leaders d'opinion français

Dans un article de blog répondant à la conférence de presse du président français, il écrit ainsi:

"Le plus incroyable à mes yeux, mise à part la malchance de Hollande, c'est le pessimisme extrême qui étreint de toute évidence les leaders d'opinion français."

A les entendre, la France serait "une zone de catastrophe", ajoute le prix Nobel d'économie, "pourtant, les chiffres, bien qu'ils ne soient pas bons, ne sont pas si terribles. "

Une croissance pas si mauvaise

Premier élément de sa démonstration: la croissance. Par rapport à ses partenaires, la France ne se serait pas si mal sortie de ces dernières années de crise. Il le prouve à l'aide d'un graphique indiquant qu'entre 2007 et 2013, la croissance française était moins élevée que celle de la Belgique, de l'Autriche et de l'Allemagne, mais plus que celle de la Finlande, les Pays-Bas et même de la moyenne européenne. 

Ensuite, pointant une remontée de la  balance des comptes courants depuis 2012, il en conclut que la compétitivité française n'est pas si déclinante que certains intellectuels le prétendent. 

Risques de déflation

En matière de déficit budgétaire, ses perspectives ne seraient pas "si préoccupantes", même si elle a trop "réduit son déficit structurel en période de faiblesse économique", juge l'économiste. 

Toutefois ce dernier met en garde: "la France, comme la plupart des pays européens, semble flirter avec la déflation et risque fort un scénario à la japonaise.

Hollande et la loi de Say

Sur un plan plus idéologique, l'économiste américain cite plusieurs confrères universitaires américains qui analysent la politique de "l'offre" prônée le 14 janvier par François Hollande, et la rapprochent de la loi des débouchés de Jean-Baptiste Say ("l'offre créé la demande"). Sur un terrain plus politique, Paul Krugman, s'interroge:

"ll faut se demander pourquoi l'élite française s'inquiète si facilement à l'idée de prendre un virage un droite alors que celles de pays connaissant une situation bien pire comme la Finlande et les Pays-Bas continuent inébranlablement de penser que plus les choses empirent, plus il faut continuer à s'infliger les mêmes souffrances."

Paul Krugman s'est déjà illustré par un témoignage de francophilie (économique) après la perte par la France de son Triple A chez Standard & Poor's