Pollution : Paris à l'heure de la circulation alternée

Par latribune.fr  |   |  613  mots
Les photo de Paris recouverte par une brume de pollution ont fait le tour du monde. Depuis ce matin, seule la moitié des véhicules est autorisée à rouler pour lutter contre ce phénomène.
La circulation alternée pour lutter contre la pollution à Paris est effective depuis lundi matin.

Covoiturage, télétravail ou transports en commun: les automobilistes dont la voiture a une immatriculation paire doivent trouver une parade pour respecter la mesure de circulation alternée qui a débuté ce lundi à 05H30 à Paris et dans sa proche banlieue. Sauf dérogations, seules les voitures et motos dotées de plaques impaires sont autorisées à circuler, mesure gouvernementale radicale destinée à lutter contre la pollution qui sévit depuis plusieurs jours.

Foudres de l'opposition avant les municipales

Inédite depuis 1997, la décision annoncée samedi, à huit jours des municipales, a suscité l'approbation de la gauche et des écologistes mais déclenché les foudres de l'opposition et des associations d'automobilistes et de motards.

Pour le président de l'UMP Jean-François Copé, cette mesure "relève de la communication". "Pour la première fois un gouvernement assume ses responsabilités", s'est en revanche félicitée la ministre de la Santé Marisol Touraine.

Chacun voit midi à sa porte

"C'est sûr qu'on va avoir plus de clients aujourd'hui", se réjouissait en revanche un chauffeur de taxi interrogé lundi par l'AFP. "Il y a des gens qui prennent la voiture parce qu'ils ne veulent pas être collés à d'autres gens dans le métro. Aujourd'hui, ils prendront un taxi".

Mesure "précipitée, inefficace" et qui va "générer la pagaille", a en revanche pesté l'Automobile Club Association (ACA). La Fédération française des motards en colère, énervée que les deux-roues soient inclus dans la mesure, a appelé ces usagers à la résistance, leur suggérant le "co-motorage". Bref, chacun voit midi à sa porte.

 

"Nous comprenons parfaitement les difficultés, les agacements, voire même les colères (...) Mais il fallait prendre cette décision-là", a justifié le ministre de l'Écologie, Philippe Martin.

Il escompte "une baisse importante de la fréquentation de voitures". En 1997, a-t-il rappelé, l'expérience avait "donné des résultats", même s'il reconnaissait samedi qu'elle avait laissé "de mauvais souvenirs".

Les électriques et les hybrides pas interdits

Tous les véhicules à numéro pair ne sont pas interdits. Pourront rouler les véhicules électriques ou hybrides, de même que les voitures avec au moins trois personnes à bord, les voitures auto-écoles et les taxis. Les poids-lourds seront interdits à l'exception des véhicules d'urgence, camions poubelles, engins de chantier, camions frigorifiques...

Les véhicules autorisés à circuler devront respecter les limitations de vitesse déjà en vigueur du fait de la pollution (abaissement de 20 à 10 km/h selon les axes).

Transports en commun gratuit

Pour compenser l'immobilisation forcée de la moitié des voitures, les transports publics seront gratuits, et la SNCF et la RATP offriront "plus d'un million de places supplémentaires" sur certaines lignes de métro, RER et Transilien, a assuré le ministre des Transports Frédéric Cuvillier.

Lundi, SNCF Transilien prévenait sur son site internet que "les trains seront très chargés entre 7h et 9h ainsi qu'entre 17h et 19h du fait de la gratuité des transports annoncée à l'occasion du pic de pollution", et incitait ses clients à voyager en heures creuses. Le stationnement sera gratuit à Paris pour les voitures à l'immatriculation paire.

700 policiers mobilisés

Pour veiller au respect de la circulation alternée, quelque 700 policiers seront mobilisés, sur une soixantaine de points de contrôle. Les automobilistes et motards qui braveront l'interdit écoperont d'une amende: 22 euros si elle est réglée immédiatement, 35 euros au-delà de trois jours. S'ils refusent de faire demi-tour, leur véhicule sera immobilisé.

A 05h00 du matin des policiers stationnaient déjà porte de Châtillon à Paris, à l'entrée du périphérique parisien.