"Avertissement", "condamnation", "bipolarisation" : la montée du FN au cœur des réactions

Par latribune.fr  |   |  735  mots
Le FN pourrait se retrouver au second tour dans 114 villes de plus de 30.000 habitants.
Forte poussée du Front national, abstention record et recul de la gauche: les enseignements du premier tour des élections municipales, dimanche 23 mars ont suscité de vives réactions parmi les membres de la classe politique. Voici les principales.

Les uns appellent au "Front républicain". Les autres refusent une telle formule... Tous tirent les leçon du premier tour des élections municipales dimanche. Voici un tour d'horizon des principales réactions politiques à gauche comme à droite du scrutin du 23 mars. 

  •  Jean-Marc Ayrault appelle à barrer le passage au FN

Le Premier ministre appelle clairement à faire barrage au Front national dans toutes les villes où le parti dirigé par Marine Le Pen se qualifie pour le second tour, soit dans près de 114 communes de plus de 30.000 habitants selon un décompte provisoire. Lors d'une allocution dimanche soir, le chef du gouvernement a déclaré:

"Là où le FN est en situation, dans quelques communes, de l'emporter au second tour, l'ensemble des forces démocratiques et républicaines ont la responsabilité de l'empêcher". 

  • Martine Aubry :  

Martine Aubry sur BFMTV revendique près de 35% des voix dans sa ville de Lille. Sur BFMTV, l'ancienne ministre a tiré les leçons de ce vote, non sans égratigner au passage le gouvernement: 

"Partout en France où le Front National augmente parce que la crise est là, parce que beaucoup ont de la colère, de l'impatience parce que les résultats tardent à venir mais aussi parce que la droite a banalisé les thèmes du Front National"

Précisant que "la crise est là depuis 2008 et on n'en sort pas très vite", elle ajoute: 

"Beaucoup de Français, c'est vrai, ne comprennent pas pourquoi la politique actuelle ne donne pas des résultats plus vite. Et je dirais que je les comprends."

  • François Rebsamen : "un avertissement sévère"

Le maire PS de Dijon, volontiers critique à l'égard du gouvernement tire les leçons du camouflet, selon des propos rapportés par l'AFP et le Parisien:

"C'est un avertissement sévère pour la politique gouvernementale. (...) Une partie des électeurs de gauche nous a dit : "arrêtez vos conneries"

  • Cécile Duflot "déçue"

La ministre écologiste du Logement Cécile Duflot juge qu'une "forme de déception s'est exprimée" à travers le taux d'abstention. "Il ne faut pas mettre la tête dans le sable" et il "faut être lucide", a-t-elle ajouté sur TF1.

La secrétaire  nationale d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Emmanuelle Cosse, a elle aussi appelé à barrer la route au FN. 

François Bayrou, président du MoDem, arrivé en tête à Pau avec 41,85% des voix, s'est montré très ému. 

A droite, l'UMP se refuse à formuler un appel clair au "Front républicain". Les commentaires se sont plutôt attachés à critiquer le bilan de la majorité. 

  • Alain Juppé "sidéré" par l'allocution d'Ayrault

L'ancien Premier ministre réélu à Bordeaux a réagit... à la réaction de Jean-Marc Ayrault:

"Si l'abstention a progressé, si le Front national a progressé aussi, c'est parce qu'un grand nombre de Français ont voulu dire leur condamnation d'une politique qui nous amène dans le mur. Et j'ai été sidéré de voir le commentaire qu'a fait M. Ayrault face à cette situation comme s'il ne s'était rien passé d'important ."

  • Jean-Claude Gaudin se délecte

Lors d'une allocution télévisée le maire UMP de Marseille s'est réjouit de la position de son opposant PS, troisième après le frontiste Stéphane Ravier:

 "Le score de Patrick Mennucci a une saveur particulière pour nous (...) Même le président de la République a voulu constituer sa liste. C'est un échec pour eux. Dans tous nos secteurs, nous réalisons des scores très impressionnants..." 

  • Marine Le Pen "bipolarisation"

Enfin, première concernée, Marine Le Pen de son côté a salué la victoire de son parti dont elle fait le signe d'un renversement de l'échiquier politique en France:

"Je pense (...) que c'est la fin de la bipolarisation de la vie politique française, le Front national arrive comme une grande force autonome, une grande force politique, plus seulement nationale, mais également locale".

  • La victoire de  Steeve Briois à Hénin-Baumont mise en doute

Steeve Briois, élu dès le premier tour avec 50,26% des voix à Hénin-Beaumont est allé bien plus loin. Les électeurs "ont pu enfin mettre un terme à un système mafieux, le système socialiste" a-t-il lancé. Le camp du maire sortant divers gauche Eugène Binaisse a l'intention de déposer un recours dans les prochains jours pour contester ce score qui se jouerait "à 30 voix près".