Pacte de responsabilité : opération séduction de Valls auprès des partenaires sociaux

Par latribune.fr  |   |  800  mots
Le nouveau Premier ministre reçoit huit partenaires sociaux vendredi pour discuter du pacte de responsabilité. (Photo : Reuters)
Les représentants des principales organisations syndicales et patronales sont attendus ce vendredi à Matignon. Chacun à leur tour, ils disposent d'une heure top chrono pour débattre du pacte de responsabilité, et se laisser convaincre... ou non.

L'opération séduction s'annonce périlleuse pour le nouveau locataire de Matignon vendredi. Trois jours après son discours de politique générale, Manuel Valls va rencontrer vendredi toute la journée les organisations syndicales et patronales pour une première prise de contact depuis son entrée en fonction comme Premier ministre.

Son défi: les convaincre de relancer l'emploi et l'investissement tout en contenant les dépenses publiques. L'exercice s'annonce périlleux.

Valse effrénée des partenaires sociaux

Entouré de plusieurs membres de son gouvernement, le Premier ministre reçoit ainsi dès 8h30 le secrétaire général de la CGT, Thierry Le Paon, avant de voir Philippe Louis (CFTC) à 9h30, puis Jean-Claude Mailly (FO) à 10h30 et Jean-François Roubaud (CGPME) à 11h30, selon Matignon.

La valse des partenaires sociaux se poursuivra à un rythme effréné dans l'après-midi avec Jean-Pierre Crouzet (UPA) à 14h30, Pierre Gattaz (Medef) à 15h30, Carole Couvert (CFE-CGC) à 16H30 et enfin Laurent Berger (CFDT) à 17h30.

Qu'attendent les patrons et les syndicats ?

Le Pacte de responsabilité que défendra le Premier ministre suppose, en contrepartie de baisses de charges pour les entreprises, des négociations dans les branches sur l'emploi, l'investissement et la formation. Il promet aux entreprises 20 milliards d'euros de crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), 10 milliards d'euros de baisses de cotisations, 8,5 milliards de réduction d'impôts, une diminution progressive du taux de l'impôt sur les sociétés et la suppression de plusieurs dizaines de petites taxes à faible rendement. Qu'attendent les différentes organisations patronales et syndicales de leurs rendez-vous ? Aperçu.

  • Le Medef réclame un calendrier plus rapide

Le Medef se dit cependant "vigilant". Son président, Pierre Gattaz a annoncé qu'il demanderait à Manuel Valls d'accélérer le calendrier, face à la situation "catastrophique" des entreprises, en prenant notamment "avant juin" par ordonnance des mesures de simplification.

Quant à la CGPME, elle regrette que ce pacte fasse, selon elle, la part belle aux grands groupes. L'organisation se plaint notamment des seuils d'effectifs dans les PME, qui constituent selon elle un frein à l'embauche.

  • CFDT et CFTC : prêtes à négocier

Seuls deux syndicats, la CFDT et la CFTC, ont signé un accord avec le patronat sur les contreparties à négocier. Ce qui n'empêche pas le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, de demander au gouvernement des précisions sur la mise en oeuvre du pacte et du futur observatoire.

Mais comme les autres syndicats, la CFDT et la CFTC s'inquiètent des volets santé et des prestations sociales pour lesquels le Premier ministre a annoncé 21 milliards d'euros de coupes.

  • Force Ouvrière : un pacte "illusoire"

Le syndicat Force Ouvrière (FO) a déjà réaffirmé son opposition au pacte. "Les contreparties relèvent de l'illusion (...) La logique d'austérité perdure", estime FO, qui craint une fragilisation de la protection sociale.

"Il y a beaucoup de points d'interrogation. Comment les exonérations (de cotisations, accordées aux entreprises, NDLR) vont être compensées?", s'est interrogé Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO sur Radio Classique vendredi.

Quant aux exonérations de cotisations acquittées par les salariés, "pour que les gens au SMIC aient 500 euros de plus par mois, je pense qu'on pouvait faire beaucoup plus simple, c'est d'augmenter le SMIC", a-t-il ajouté.

  • CGT : "Même politique qu'avant", prélude à un nouvel "échec"

Idem pour la CGT. "Le choix qu'a fait ce Premier ministre, c'est de continuer les politiques précédentes, qui nous conduisent à l'échec et qui ont été refusées (...) lors des élections municipales", dit le secrétaire général du syndicat, Thierry Lepaon. Il a par ailleurs annoncé des actions revendicatives, notamment le 1er mai.

  • CFE-CGC : "la classe moyenne se fait plumer"

Quant à la CFE-CGC, revenue sur sa décision initiale de signer l'accord sur le pacte avec le patronat, elle déclarait mercredi avoir le sentiment que "l'encadrement et la classe moyenne (continuaient) de se faire plumer".

Le syndicat de l'encadrement dit attendre de son rendez-vous avec Manuel Valls qu'il donne "de l'espoir et de la confiance" aux classe moyennes, aux techniciens et aux cadres.

  • La question des fonctionnaires

Les syndicats sont pratiquement unanimes à faire d'un éventuel prolongement du gel du point d'indice des agents de la fonction publique un casus belli. Sept syndicats appellent d'ailleurs les cinq millions de fonctionnaires français à manifester et à faire grève le 15 mai pour exiger l'ouverture de négociations salariales dans la fonction publique et des mesures de rattrapage.

Autre question en suspens : quel sera le sort de la promesse électorale de François Hollande, menacée par l'ampleur des réductions budgétaires envisagées, de créer 60.000 postes dans l'Education nationale pendant son quinquennat ? Réponse possible à l'issue de la journée.