"On ne remet pas en cause l'esprit du pacte mais son efficacité"

Le député (PS) des Hauts-de-Seine, proche de Martine Aubry, à été l'un des initiateurs du "contrat de majorité", signé par une centaine de députés, interpellant Manuel Valls. Il livre ici ses impressions sur les premiers pas du Premier ministre et fait des propositions.
Jean-Christophe Chanut
Pour Jean-Marc Germain (PS), on aurait pu mieux faire avec moins pour aider à la compétitivité des entreprises, "notamment en ciblant mieux les aides sur l'industrie, en s'inspirant du crédit impôt recherche que l'on pourrait étendre au développement de la robotisation où à l'achat de machines à commandes numériques."

Vous avez été l'un des initiateurs du « contrat de majorité », signé par une centaine de députés, demandant à Manuel Valls de mieux prendre en compte le rôle des parlementaires et réclamant un « choc de demande ». Avez-vous été rassuré par le discours de politique générale du Premier ministre ?

Je n'avais pas à être rassuré. Nous voulions, à travers ce contrat, faire comprendre au Premier ministre que les parlementaires souhaitaient être davantage associés aux décisions politiques. Le vrai rendez-vous, ce sera les prochaines lois. Sur la méthode, la volonté affichée par Manuel Valls de mieux diriger l'action du gouvernement est un bon point. Le Premier ministre semble vouloir être plus présent et davantage faire du Parlement une force de propositions. Sur le fond, nous avions demandé que la France pèse pour infléchir la politique menée au niveau européen. Manuel Valls a commencé à répondre. Nous souhaitions aussi une politique en faveur du pouvoir d'achat. Là aussi, il y a un effort important et rapide au niveau du Smic avec la diminution des cotisations salariales. C'est un début de réponse aux attentes des Français, la confiance a donc été votée… Mais le vrai rendez-vous sera celui des textes de loi qui nous serons soumis et sur lesquels nous ferons des contre-propositions.

Vous êtes donc d'accord avec la logique du pacte de responsabilité, dont Manuel Valls a dévoilé les grandes lignes du contenu ?

 On ne remet pas en cause l'esprit du pacte mais plutôt son efficacité. Il aurait fallu d'abord regarder où les économies sont possibles, sans casse sociale. Puis, en effet, affecter les marges disponibles à l'amélioration de la compétitivité. Là, on a mis la charrue avant les bœufs : il a été décrété que l'on affecte 30 milliards d'euros à la baisse du coût du travail et qu'il fallait réaliser 50 milliards d'économies. Je suis certain que l'on peut faire mieux avec moins. Notamment en ciblant mieux les aides sur l'industrie, en s'inspirant du crédit impôt recherche que l'on pourrait étendre au développement de la robotisation où à l'achat de machines à commandes numériques. Nous en avons 2/3 de moins que les Allemands. En l'état, je crains qu'une bonne partie des 30 milliards partent dans les dividendes, dans les banques, les assurances…Là encore, nous ferons des propositions fortes pour l'éviter.

Vous avez évoqué une nouvelle orientation dans la politique européenne mais nos marges de manœuvres sont très limitées face à la Commission

 Cela dépend de la volonté des chefs d'Etat et de gouvernement. Certes, la BCE est totalement indépendante, mais le Conseil européen est tout de même en droit de formuler des recommandations sur le niveau de l'Euro qui est trop fort. Par ailleurs, j'ai été satisfait d'entendre Manuel Valls dire que l'Europe devait comprendre qu'elle avait intérêt à ce que la France ne casse pas sa croissance par une marche forcée imposée pour réduire ses déficits.

Quel jugement portez-vous sur la polémique qui entoure la nomination d'Harlem Desir, ancien Premier secrétaire du PS, au poste de secrétaire d'Etat aux Affaires européennes ?

 C'est injuste de lui faire porter autant le chapeau de l'échec des socialistes aux municipales. Tout le monde est responsable, l'échec est collectif. Il n'est jamais aisé d'être le Premier secrétaire du parti majoritaire. Ceci dit, je pense qu'il fera un très bon secrétaire d'Etat. Il connaît bien les dirigeants européens, c'est un europhile convaincu qui se bat pour une Europe qui remet l'humain en son cœur.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 2
à écrit le 10/04/2014 à 23:54
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Il manque le volet investissement. Avec une imposition du capital totalement dissuasive, il n'y aura pas assez d'investissements nouveaux, ils iront voir ailleurs.

à écrit le 10/04/2014 à 22:37
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Pour lutter contre le chômage il faut évidemment baisser le coût horaire du travail payé par l'employeur notamment sur les emplois à faible valeur ajoutée qui constituent la plus grosse part des emplois...et il faut aussi avoir des marges dans l'indu...

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