"Inacceptable", "suicidaire"... quand la gauche s'offusque du plan de Valls

Par latribune.fr  |   |  868  mots
Manuel Valls espère réduire le déficit de la France et atteindre dès 2015 les 3% de PIB imposés par Bruxelles. (Photo : Reuters)
Après l'annonce par le Premier ministre des mesures qu'il préconise pour réaliser 50 milliards d'euros d'économies dans les dépenses publiques d'ici 2017, les critiques n'ont pas tardé à fuser, à gauche comme à droite. Florilège.

La gauche de la gauche est sous le choc. Après l'annonce, par Manuel Valls, des grands axes de travail du gouvernement pour tenter d'atteindre l'objectif de 3% de PIB de déficit en 2015, une partie de la gauche a immédiatement réagi dans la presse et sur les réseaux sociaux. Entre étonnement et profonde hostilité, leurs critiques sont souvent plus virulentes que celles formulées par l'opposition.

Christian Paul, député de l'aile gauche du PS, sur Twitter :

"Le groupe socialiste a découvert dans un silence total les annonces du gouvernement. Inacceptables en l'état. Le fond et la forme".

Laurent Baumel, député PS et animateur de "La gauche populaire", à Reuters :

"Pour faire 50 milliards, le Premier ministre est obligé d'aller chercher des choses qui sont quand même lourdes : le gel des minima sociaux, pour un gouvernement de gauche, c'est quand même (...) une mesure illisible et incompréhensible. Au lendemain des municipales, on peut penser que ce n'était pas tout à fait ça le message des urnes".

Jean-Luc Mélenchon, co-président du Parti de gauche, sur Twitter :

"Valls fait l'huissier de la Commission européenne. La Commission a dit : 'Vous paierez'. Valls commence la saisie".

François Delapierre, secrétaire national du Parti de gauche, dans un communiqué :

"Les rares mesures" annoncées par le Premier ministre représentent "des sacrifices pour le grand nombre. Couper dans les pensions, c'est faire des économies au bénéfice des assurances privées, ce n'est pas une économie pour les retraités. Geler les allocations familiales, c'est infliger un coût supplémentaire aux familles. Le pouvoir d'achat sera la première victime de ces mesures et l'économie réelle du pays sera donc fragilisée. J'appelle les parlementaires à refuser ces orientations. (...) Je les adjure de ne pas se soumettre à leur tour à la Commission de Bruxelles. Sinon, à l'heure où le gouvernement prétend faire des économies en supprimant les doublons, faudra-t-il envisager la suppression du Parlement ?"

Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste français, dans un communiqué :

"Manuel Valls, en lieu et place du porte-parole du gouvernement, a poursuivi une 'story-telling' sur l'action gouvernementale avec, au final, un seul et unique message : 'Ça va saigner. Et à tous les étages'. 'Plus vite, plus fort', en effet, mais en aucun cas 'plus juste'".

Thierry Lepaon, secrétaire général de la CGT, sur BFM TV :

"Ne pas augmenter le salaire des fonctionnaires, nous dire que parallèlement à ça, il y aura des économies budgétaires qui seront considérables, au moment même où ce même gouvernement a trouvé 30 milliards d'euros pour les entreprises et que la courbe des dividendes versées aux actionnaires ne cesse d'augmenter : ce gouvernement, il est dur avec les faibles, et faible avec les durs".

Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, dans un communiqué :

"De telles décisions vont pénaliser lourdement, notamment les plus défavorisés, et accroître les inégalités, la précarisation et la pauvreté. Elles font également glisser l'économie française vers la déflation et aggraveront la situation financière de l'assurance chômage. Comme FO l'a affirmé à différentes reprises, l'austérité est triplement suicidaire : socialement, économiquement et démocratiquement".

 

En comparaison avec ces violentes réactions de la gauche de la gauche, les critiques formulées par l'opposition sembleraient presque indulgentes :

Bernard Accoyer, député UMP et ancien président de l'Assemblée nationale, devant la presse :

"Je souhaite que tout cela réussisse pour notre pays mais je pense que, malheureusement, on s'inscrit dans une politique qui est celle du danseur de tango : un pas en avant, un pas en arrière, avec la crédibilité financière qui peut s'attacher à ce genre d'acteur".

Hervé Mariton, député UMP, à Reuters :

"Manuel Valls esquive les réformes structurelles dont notre pays à besoin. Les économies sont très insuffisantes, injustes et n'ont rien de durable. Pour que les 3% soient accessibles, il faut des réformes structurelles. Le gouvernement n'en prend pas le chemin".

Philippe Vigier, président du groupe UDI à l'Assemblée nationale, dans un communiqué :

"Manuel Valls n'a fait que rejouer son discours de politique générale, avec l'austérité en plus. (...) L'annonce de la non-revalorisation des retraites et des retraites complémentaires jusqu'en 2015 va à l'encontre de la protection du pouvoir d'achat et du nécessaire maintien de la cohésion sociale".

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République :

"Manuel Valls préfère s'attaquer au pouvoir d'achat des Français plutôt que d'avoir un dialogue franc avec l'Allemagne et refuser de suivre les injonctions de Berlin et de Bruxelles".

Florian Philippot, vice-président du FN, dans un communiqué :

"Les annonces de Manuel Valls confirment une cure d'austérité sans précédent qui se traduit par une violence sociale de plus en plus insupportable, de surcroît sans efficacité économique (...). Des millions de Français vont subir en conséquence un effondrement de leur niveau de vie, parce que le gouvernement s'entête à obéir à l'Union européenne sur l'euro et la politique économique plutôt que de défendre l'intérêt général."