Valls sur Montebourg : "Une ligne jaune a été franchie"

Par latribune.fr  |   |  505  mots
"Le ministre de l'Economie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne", soulignent les proches de Manuel Valls.
Selon l'entourage du Premier ministre, Manuel Valls serait "décidé à agir". "Je ne crois pas qu'on puisse réprimander un ministre qui apporte des propositions à la discussion collégiale, en y associant les Français", a pour sa part répondu Arnaud Montebourg lundi sur les ondes d'Europe1.

Pour Manuel Valls, Arnaud Montebourg, en critiquant dans les colonnes du Monde daté de samedi la politique économique du gouvernement dont il fait partie, ainsi que l'austérité prônée par l'Allemagne, est allée trop loin.

"Une ligne jaune a été franchie dans la mesure où le ministre de l'Economie ne peut pas s'exprimer dans de telles conditions sur la ligne économique du gouvernement et sur un partenaire comme l'Allemagne", a souligné l'entourage du Premier ministre, cité par l'AFP et Reuters.

Et la même source de poursuivre, laissant planer un doute sur le maintien même d'Arnaud Montebourg à son poste:

"Donc le Premier ministre est décidé à agir".

Des "déclarations insensées"

Un peu plus tôt, le député Carlos Da Silva, proche de Manuel Valls, jugeait pour sa part que Montebourg avait "dépassé les bornes", avec des "déclarations insensées".

Les critiques ont en revanche pour le moment épargné le ministre de l'Education, Benoit Hamon, qui, après s'être dit "pas loin des frondeurs" socialistes, avait soutenu dimanche les propositions d'Arnaud Montebourg.

Le Premier ministre doit rencontrer Arnaud Montebourg lundi pour une explication.

"Je ne crois pas qu'on puisse réprimander un ministre qui apporte des propositions à la discussion collégiale"

"Je ne crois pas qu'on puisse réprimander un ministre qui apporte des propositions à la discussion collégiale, en y associant les Français", a pour sa part répondu Arnaud Montebourg lundi sur les ondes d'Europe1.

En affirmant ne pas se placer "dans l'hypothèse" de quitter le gouvernement", il a toutefois répondu à la question de savoir s'il serait encore ministre de l'Economie après son entretien avec Valls:

"Je l'ignore".

"Les décisions ne sont pas prises"

Tout en confirmant ses critiques contre la politique économique gouvernementale, le ministre s'est toutefois défendu  de toute "infraction à la solidarité gouvernementale" car, selon lui, "les décisions ne sont pas prises".

Ce n'est "pas un débat d'autorité" mais un "débat d'orientation économique", a expliqué Arnaud Montebourg, selon qui "il y a aujourd'hui un débat mondial, des appels mondiaux à la correction des erreurs de politique économique qui sont commises par tous les pays européens en même temps en Europe".

"Nous avons discuté tout l'été avec les uns et les autres dans la collégialité du gouvernement, de ce débat fondamental et crucial. Nous sommes à la mi-temps du quinquennat", a-t-il insisté.

"Dans mon discours de Bercy du 10 juillet, c'était exactement le même discours", a souligné le ministre, ajoutant avoir "proposé et sollicité le président de la République. "dans la collégialité" et "publiquement afin que nul n'en ignore".

"La loyauté gouvernementale est un principe d'action"

Dimanche, à l'occasion de l'annuelle Fête de la Rose d'Arnaud Montebourg à Frangy-en-Bresse, Benoit Hamon, invité vedette, avait pour sa part déclaré:

"On peut avoir un avis, une conviction, l'exprimer et être loyal". Mais "la loyauté gouvernementale est un principe d'action": "ce n'est ni une chaine ni une muselière".